Le Conseil national de transition (CNT) a demandé mercredi le maintien de l'OTAN en Libye au moins «jusqu'à la fin de l'année», assurant que même après la mort de Mouammar Kadhafi, ses derniers fidèles représentaient une menace pour le pays.

Dans le même temps, le Qatar a révélé la participation de centaines de ses soldats au côté des rebelles pendant le conflit.

«Le peuple libyen souhaite le maintien des opérations de l'OTAN jusqu'à la fin de l'année au moins», a déclaré le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, aux chefs d'état-major des pays engagés militairement en Libye, réunis mercredi à Doha.

Cette réunion intervient trois jours après la proclamation par le CNT de la «libération» totale de la Libye, à la suite de la mort de Mouammar Kadhafi, enterré en catimini dans la nuit de lundi à mardi.

La mission de l'OTAN doit en principe s'achever le 31 octobre, sept mois après que l'Alliance atlantique a pris le commandement des opérations militaires internationales lancées le 19 mars, dans le cadre d'une résolution de l'ONU visant à protéger les civils.

M. Abdeljalil a souligné que sa demande visait à «assurer la protection des frontières, pour empêcher l'afflux d'armes des pays voisins» et à «protéger les Libyens des vestiges du régime de Kadhafi» qui se sont réfugiés dans ces pays.

À Bruxelles, l'OTAN a repoussé à vendredi sa prise de décision formelle sur cette question, afin de mener de nouvelles consultations avec les Nations unies et le CNT, selon des sources diplomatiques.

Mardi, le «ministre» du Pétrole et des Finances, Ali Tarhouni avait déjà annoncé que le nouveau pouvoir libyen souhaitait une prolongation d'«au moins un mois» de la mission de l'Alliance atlantique en Libye.

En marge de la réunion de Doha, le chef d'état-major du Qatar, le général Hamad ben Ali al-Attiya, a déclaré à l'AFP qu'après la fin de la mission de l'OTAN, une autre coalition dirigée par son pays superviserait «l'entraînement des forces armées, la collecte des armes et l'intégration des rebelles au sein des institutions militaires».

«Cette coalition regroupera au moins 13 pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France», a-t-il ajouté.

Le général qatari a en outre reconnu pour la première fois que des centaines de soldats du Qatar, premier pays arabe à avoir reconnu le CNT, avaient participé aux opérations militaires aux côtés des rebelles en Libye.

Jusqu'à présent, le Qatar n'avait évoqué que sa participation aux opérations aériennes, sous le commandement de l'OTAN.

«Des centaines de soldats du Qatar étaient présents dans toutes les régions, ils assuraient les opérations d'entraînement et les transmissions» et «la liaison entre les rebelles et l'OTAN».

M. Abdeljalil a d'ailleurs rendu un hommage appuyé au Qatar dans son discours mercredi, le qualifiant de «partenaire essentiel dans toutes les batailles que nous avons menées».

Le chef du CNT n'a en revanche pas évoqué la polémique entourant les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi, tué après avoir été capturé vivant, puis enterré dans un lieu secret en Libye.

La famille de l'ancien «Guide de la révolution» envisage de porter plainte contre l'OTAN pour «crime de guerre» auprès de la Cour pénale internationale (CPI), a annoncé mercredi son avocat français.

D'une manière générale, la pression internationale en faveur d'un meilleur respect des droits de l'homme de la part des nouvelles autorités libyennes s'est accentuée, après la découverte de dizaines de pro-Kadhafi apparemment victimes d'exécutions sommaires et les déclarations de M. Abdeljalil sur la place centrale de la charia (loi islamique) dans la nouvelle Libye.

Le président français Nicolas Sarkozy, à la pointe de la mobilisation en faveur de la rébellion, a ainsi assuré mercredi que la France serait «vigilante» sur le respect des droits de l'homme et des «principes démocratiques» dans les pays du «Printemps arabe».