Le dirigeant déchu en fuite Mouammar Kadhafi a dénoncé mardi comme une «mascarade» le nouveau régime en Libye soutenu par la communauté internationale, en affirmant qu'il ne fera pas long feu, dans un nouvel enregistrement sonore.

Ces déclarations surviennent à quelques heures d'une rencontre à New York entre le président américain Barack Obama et Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion qui a renversé le colonel Kadhafi, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

Sur le terrain, les combattants pro-CNT, qui harcèlent les soldats loyalistes à Syrte (360 km à l'est de Tripoli) depuis six jours et à Bani Walid (170 km au sud-est de la capitale), ont ouvert une nouvelle brèche dans le sud désertique.

«Ce qui se passe en Libye est une mascarade ne tenant que grâce aux bombardements aériens qui ne dureront pas éternellement», a déclaré M. Kadhafi, en allusion aux frappes de l'OTAN appuyant l'ex-rébellion, dans cet enregistrement diffusé par la télévision arabe basée à Damas, Arraï.

«Ne vous réjouissez pas et ne croyez pas qu'un régime a été renversé et qu'un autre a été imposé à l'aide des frappes aériennes et maritimes», a-t-il ajouté.

Les combattants pro-CNT sont entrés dans Sebha, fief de la tribu de Kadhafi, les Kadhadfa, à 750 km au sud de Tripoli, selon Mohamed Wardougou, le représentant de la «Brigade du bouclier du désert» à Benghazi (est).

Ils «ont pris l'aéroport, la citadelle et la caserne Farès», a-t-il assuré, ajoutant que «les combats se poursuivaient dans quelques quartiers» après la capture de 150 kadhafistes, dont le général Belgacem Al-Abaaj, chef des renseignements du régime de Kadhafi dans la région.

«Le contrôle de toute la région de Sebha est imminent», a-t-il ajouté en soulignant qu'il reste aux forces du CNT de prendre le contrôle du sud-ouest de la Libye notamment les villes d'Aoubari et de Ghat, à la frontière algérienne.

Sur le front est de Syrte, les combattants continuent d'avancer et sont désormais à 25 km de Syrte. «Dans deux ou trois jours, nous serons dans Syrte», a assuré Moustapha ben Dardaf, commandant d'une brigade. Mardi, des tirs nourris des deux côtés se poursuivaient, a constaté un journaliste de l'AFP.

De leur côté, les combattants venus de l'ouest cherchaient à consolider leurs positions et à dégager les principales artères dans la ville pour laisser partir les civils. «Il y a des tireurs embusqués dans une zone très peuplée à l'entrée du centre-ville», a déclaré Saleb Badi, un commandant pro-CNT.

«Nous avons reçu l'ordre d'arrêter d'avancer jusqu'à ce que nous puissions utiliser des armes lourdes contre les kadhafistes», a-t-il poursuivi. Les anti-Kadhafi évitent d'utiliser ces armes pour épargner les civils.

À Bani Walid, un journaliste de l'AFP a vu des véhicules pro-CNT sortant de la ville se positionner une vingtaine de km plus loin. Aucun commandant n'était dans cette zone pour préciser l'état des combats dans la vaste oasis au relief accidenté, interdite d'accès aux journalistes.

Selon des commandants sur le terrain, Saïf al-Islam, le fils Kadhafi le plus influent, a été vu dans cette ville, où son père pourrait également se trouver. Mais le sort de Mouammar Kadhafi et de ses fils, dont trois sont en Algérie ou au Niger et deux seraient morts, a déjà donné lieu à plusieurs rumeurs.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir distribué une aide alimentaire aux milliers de personnes ayant fui Bani Walid.

L'OTAN, qui soutient militairement le CNT, a annoncé avoir touché lundi sept objectifs militaires à Sebha, bombardé Syrte et Bani Walid, y détruisant un centre de commandement militaire, et intensifié les tirs sur Waddan dans l'oasis de Djofra (200 km au sud de Syrte).

À New York, une réunion du groupe de contact international sur la Libye devait permettre au CNT de préciser ses besoins en matière de reconstruction et devait évoquer le report sine die de la formation d'un nouveau gouvernement de transition libyen faute d'accord sur sa composition.