Les quelque 60 pays réunis à Paris pour planifier l'ère post-Kadhafi en Libye se sont entendus sur une chose: la nécessité de dégeler les actifs saisis à l'ancien régime pour permettre rapidement aux nouvelles autorités gouvernantes de s'organiser.

«L'argent qui a été détourné par M. Kadhafi et ses proches doit revenir aux Libyens, a déclaré le président français Nicolas Sarkozy, à l'issue de la rencontre. Tous, nous nous sommes engagés à débloquer l'argent de la Libye d'hier pour financer le développement de la Libye d'aujourd'hui.»

Le dégel des avoirs devra se faire en collaboration avec les Nations unies, qui ont adopté en mars dernier la résolution 1973, renforçant les sanctions économiques contre le régime libyen de Mouammar Kadhafi.

Alors que la transition semble bien amorcée, les insurgés ayant pris le contrôle de la capitale, Tripoli, la semaine dernière, le président français a annoncé que les frappes de l'OTAN, auxquelles participe le Canada, se poursuivraient «tant que M. Kadhafi (qui reste introuvable) et ses partisans seront une menace pour la Libye».

M. Sarkozy coprésidait la rencontre du groupe des amis de la Libye avec le premier ministre britannique David Cameron. «La conférence accorde son soutien entier à Moustapha Abdeljalil et au Conseil national de transition dans l'objectif clair et affirmé d'assurer une transition politique inclusive et démocratique», a souligné M. Cameron, à la sortie de la rencontre.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a pour sa part indiqué que la priorité de la communauté internationale sera maintenant de «répondre aux besoins et défis humanitaires» en Libye.

Le Canada lève les sanctions

Dans un point de presse à l'attention des médias canadiens, le premier ministre Stephen Harper avait lui aussi plaidé pour que la stabilisation économique soit la priorité des pays engagés en Libye, exhortant la communauté internationale à dégeler rapidement les actifs du régime pour en faire profiter le Conseil national de transition.

Le Canada a annoncé hier qu'il levait l'ensemble des sanctions économiques imposées le 27 février dernier, au tout début du conflit.

Techniquement, cette mesure permettra aux entreprises canadiennes de recommencer à faire des affaires en Libye. Toutefois, les sanctions imposées par l'ONU, dans les résolutions 1970 et 1973, restent en vigueur, jusqu'à ce qu'elles soient levées par le Conseil de sécurité. Celles-ci empêchent notamment d'établir des relations commerciales avec certaines institutions du régime libyen, comme la banque centrale de la Libye.

M. Harper s'est empressé d'encourager les entreprises à saisir les occasions d'affaires qui se présenteront en Libye, en précisant toutefois que l'engagement militaire du Canada dans le pays n'était aucunement lié à des intérêts commerciaux, mais plutôt à une mission humanitaire, en vue de protéger la population civile.

En matinée, le premier ministre s'était d'ailleurs rendu à la base aérienne de Trapani-Birgi, en Italie, où se trouve le commandement de la mission militaire en Libye. Dès le début des hostilités, Ottawa a déployé 650 militaires, 7 avions de chasse CF-18, des ravitailleurs, 1 frégate et des aéronefs de patrouille maritime. En conférence de presse, M. Harper a réitéré qu'il n'était pas question que le Canada envoie des troupes au sol, en précisant que les forces armées canadiennes continueraient leurs frappes aériennes tant que la mission de l'OTAN se poursuivra. S'il est trop tôt pour dire quel rôle le Canada sera appelé à jouer en Libye après la mission militaire, le premier ministre Harper a souligné que la contribution canadienne sera «substantielle».

La présence diplomatique devrait par contre être rétablie dans «les jours à venir», a-t-il assuré.