Dix-sept patients ont été évacués vendredi d'un hôpital de Tripoli où quelque 80 personnes sont décédées apparemment faute de soins en raison de la prise de contrôle de l'établissement pendant six jours par des combattants pro-Kadhafi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les corps pourrissaient dans cet établissement du quartier d'Abou Salim, resté entre samedi et jeudi aux mains des forces pro-kadhafi. Des snipers loyalistes ont tenu à distance toute personne tentant de s'approcher, blessés et personnel soignant, ont indiqué des médecins.

Au fil des jours, les patients sont morts, les uns après les autres, faute de soins, selon les mêmes sources.

Vendredi matin, une équipe de la Croix-Rouge a évacué les 17 derniers patients vivants, dont un enfant, vers d'autres cliniques de la capitale libyenne, tandis que l'hôpital était désormais abandonné.

Ces patients attendaient depuis des jours dans l'hôpital dans une forte odeur de cadavres décomposés. Les couloirs vides étaient constellés de sang, tandis que la morgue débordait littéralement de corps, dont des dizaines se trouvaient aussi dans des chambres.

Faute de place, une vingtaine d'autres cadavres pourrissaient sur la pelouse devant le vaste bâtiment. Un corps gisait sur un brancard devant l'entrée des urgences, où la Croix-Rouge a pris en charge les malades et blessés.

«C'est un désastre. Il n'y a plus de médicaments dans l'hôpital, plus de personnel médical. Tous sont partis par peur des snipers», a indiqué Mohammed Younes, étudiant en médecine dentaire reconverti en infirmier.

Selon lui, de nombreux autres cadavres ont déjà été évacués. «Nous n'avions pas le choix, ils sont morts par centaines ces derniers jours», confie-t-il, atterré.

Le quartier populaire d'Abou Salim, situé dans le sud de Tripoli et réputé être majoritairement pro-Kadhafi, a été le théâtre depuis mardi de violents combats à l'arme légère et lourde entre rebelles et forces loyalistes qui ont fait des dizaines de victimes. Jeudi les rebelles ont réussi à déloger les forces pro-kadhafi de l'hôpital.