Poussé dans ses derniers retranchements, le colonel Kadhafi résiste et se cache. Les combats déchirent encore les rues de la capitale, mais la majeure partie de Tripoli est désormais aux mains des rebelles. Même les pays les plus réticents à appuyer les rebelles, comme la Russie et la Chine, sont arrivés à la même conclusion : les années Kadhafi sont terminées.

Où est Kadhafi? L'homme le plus recherché de Libye restait introuvable hier soir, alors que les rebelles contrôlent désormais la majeure partie de la capitale, Tripoli. Mais peu importe qu'il soit toujours au large, a dit le chef du Conseil national de transition: «L'époque de Kadhafi est révolue.»

Les spéculations vont bon train sur son sort. Le colonel Mouammar Kadhafi, 69 ans, n'a pas été vu en public depuis deux mois. Dans un message audio diffusé dimanche, il promettait de se battre «jusqu'à la fin».

L'arsenal militaire du dictateur lui permettait hier de contrôler seulement de petits secteurs de la capitale, dont Bab al-Aziziva, où se trouvent sa résidence et son état-major.

Selon le Pentagone, Mouammar Kadhafi se trouve toujours en Libye. Le président Barack Obama a enjoint le colonel Kadhafi à se rendre pour mettre fin au bain de sang qui afflige le pays.

Obama a salué le combat des insurgés. «Cette révolution est la vôtre», a-t-il insisté, en offrant l'aide des États-Unis, mais pas de ses troupes. Après avoir lancé l'artillerie aérienne pour appuyer les rebelles, les États-Unis ont cédé en avril à l'OTAN le commandement de l'opération qui a permis aux rebelles de gagner ultimement Tripoli.

Le premier ministre Stephen Harper a aussi félicité les Libyens à propos de la chute attendue du «régime meurtrier de Kadhafi» et les a invités à assurer la passation des pouvoirs «aussi pacifiquement que possible». «Les Libyens attendent depuis longtemps d'être libérés de la barbarie et de la répression de Kadhafi. Le peuple libyen doit choisir son propre chemin vers la démocratie», a dit M. Harper.

Des combats

Après avoir célébré la victoire dans les rues dimanche, les Libyens de la capitale ont passé la journée d'hier enfermés à la maison. Les combats faisaient toujours rage dans plusieurs secteurs de la ville. Des témoins ont rapporté la présence de tireurs embusqués pro-régime sur le toit d'immeubles, indique l'AFP.

Les rebelles, quant à eux, ont pris le contrôle des locaux de la télévision d'État, qui a cessé d'émettre, et rebaptisé la Place verte. Ce lieu de rassemblement symbolique, prisé par les partisans du régime, a été renommé «place des Martyrs».

Selon l'AFP, des affrontements ont été signalés dans les villes d'Al-Aziziya (50 km au sud de Tripoli) et d'Al-Khoms, à mi-chemin entre la capitale et Misrata (est). Des pro-Kadhafi se sont aussi retranchés vers Syrte, ville d'origine et bastion du dirigeant libyen.

Vers un procès?

Si Kadhafi échappe encore aux rebelles, ce n'est pas le cas pour tous les membres de sa famille. Selon Al Jazira, deux fils de Kadhafi ont été capturés depuis samedi. L'un d'eux, Mohammed, aurait cependant réussi à s'échapper. Le corps d'un troisième, Khamis, aurait été trouvé aux côtés du chef des services de renseignement. Puis, contrairement à ce qui avait été annoncé, Saïf al-Islam, autre fils de Kadhafi, n'a pas été arrêté et serait toujours à Tripoli (voir autre texte). La Cour pénale internationale a, quant à elle, réclamé l'extradition de ce dernier présenté comme l'héritier de Kadhafi, chargé ces dernières années de renouer les liens entre la Libye et l'Occident. L'homme est recherché pour crimes contre l'humanité.

«Nous espérons que Mouammar Kadhafi sera capturé vivant pour qu'il puisse avoir un procès équitable», a ajouté pour sa part le chef du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil, lors d'une conférence de presse à Benghazi.

- Avec Reuters, AFP, BBC, Al Jazira