L'offensive des rebelles libyens lancée pour encercler Tripoli se heurte à la résistance des forces loyales au colonel Kadhafi alors que la France a reconnu faire passer des «messages» au régime libyen mais sans mener des négociations directes.

A New York, l'émissaire des Nations unies en Libye, Abdel Ilah al-Khatib, a cependant souligné qu'aucune solution politique ne semblait encore se dessiner: «Le processus de négociation a commencé, mais malheureusement le chemin à parcourir pour trouver une solution est encore très long».

Les rebelles du sud-ouest ont mené une attaque lundi à environ 20 km de la ligne de front tandis que les pro-Kadhafi ont dès l'aube tiré de nombreuses roquettes, a constaté une journaliste de l'AFP.

«Ce matin à 01h00, les rebelles ont attaqué dans la montagne de Zarat près de Kekla», à 15 km au nord-ouest de la ligne de front située au niveau du hameau de Goualich, a affirmé Wael Brachen, commandant d'un petit groupe de rebelles.

«La bataille a duré quatre heures» mais n'a pas fait de victime, a précisé le responsable d'un centre ouvert pour les médias à Kekla, Reduan Alqadi.

Les rebelles visent Al-Assabaa, à 17 km du front, dernière ville avant Gharyane, verrou stratégique pour Tripoli.

«Nous nous préparons pour Al-Assabaa, nous ne savons pas quand, mais il y aura une bataille» très bientôt, a déclaré le colonel Juma Brahim, chef du centre opérationnel militaire pour cette zone, interrogé à Zenten, principale ville de la région.

Cette bataille sera plus dure que les précédentes. Pour la première fois, les rebelles des montagnes se préparent à attaquer une vraie ville. Al-Assabaa compte de grandes familles proches de Mouammar Kadhafi, une grosse base militaire et une bonne partie de la population est acquise au régime.

Dimanche, les autorités libyennes ont conduit des journalistes étrangers dans cette ville pour montrer la préparation et la détermination des habitants, qui ont juré que les «rats», appellation des rebelles, ne passeraient pas.

«Nous sommes prêts pour la bataille, la population a été armée, nous n'avons peur ni de l'Otan ni des soit-disant rebelles», a assuré le maire, Hammouda Mohktar Salem, tandis que les pro-Kadhafi paradaient, kalachnikov à l'épaule.

Après plusieurs semaines d'enlisement du conflit, les insurgés ont déclenché une offensive le 6 juillet à partir des montagnes au sud-ouest de Tripoli, s'emparant de Goualich. Ils sont parallèlement passés à l'attaque sur la côte, progressant vers le centre de Zliten, à 150 km à l'est de Tripoli.

Sur ce front, deux rebelles ont été tués lundi et 12 autres blessés dans des combats contre les pro-Kadhafi dans des quartiers de Zliten à quelques kilomètres du centre-ville. Dans la nuit de dimanche à lundi, les combats avaient déjà fait quatre morts et 22 blessés parmi les rebelles, selon des communiqués des insurgés reçu lundi par l'AFP.

Dans le même temps, la France a reconnu qu'elle faisait passer des «messages» au régime du colonel Kadhafi, sans pour autant mener des négociations directes, contrairement à ce qu'a affirmé Seif al-Islam, fils du dirigeant libyen, au journal algérien El Khabar.

«Il n'y a pas de négociations directes entre la France et le régime de Kadhafi, mais nous lui passons des messages, en liaison avec le CNT (Conseil national de transition, instance politique de la rébellion) et nos alliés», a répondu le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

«Ces messages sont simples et sans ambiguïté: toute solution politique passe par le retrait de Kadhafi du pouvoir et son renoncement à tout rôle politique», a ajouté M. Valero.

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a pourtant laissé entendre que M. Kadhafi pourrait rester à Tripoli, après une cessation des hostilités et un début de dialogue.

«On s'arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leur caserne», a déclaré M. Longuet. Et si le colonel Kadhafi n'est pas parti? «Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre», a répondu M. Longuet.

A Tripoli, un avocat français, Me Marcel Ceccaldi, a annoncé avoir été chargé par le ministère libyen de la Justice d'adresser une requête en récusation contre le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, dont l'enquête a abouti à délivrer un mandat d'arrêt contre Mouammar Kadhafi et son fils pour crimes contre l'humanité.