L'OTAN était sur la défensive mardi après les critiques suscitées par la mort en 48 heures de 24 civils selon les autorités libyennes dans des frappes de l'Alliance qui a d'autre part reconnu avoir perdu un hélicoptère drone.

L'OTAN a reconnu mardi la perte de son premier appareil en Libye, un drone hélicoptère qui effectuait une mission de surveillance en Libye, démentant toutefois qu'un de ses hélicoptères d'attaque ait été abattu, comme l'a affirmé plus tôt la télévision libyenne.

La télévision d'État a montré des images de la carcasse d'un appareil, qu'elle a identifiée comme celle d'un hélicoptère Apache abattu près de Zliten à 160 km à l'est de la capitale et à 40 km à l'ouest de la ville rebelle de Misrata.

Il s'agit d'un nouveau type d'appareil sans pilote américain, le Fire Scout, a-t-on appris auprès de responsables américains de la Défense.

«Nous ne savons pas encore» pourquoi le contact radar a été perdu avec l'appareil, un MQ-8B Fire Scout, a affirmé à l'AFP l'un de ces responsables sous couvert d'anonymat.

La perte de cet appareil intervient au moment où l'opération de l'Alliance atlantique suscite les critiques après la mort de vingt-quatre civils en seulement quarante-huit heures sous le feu de l'OTAN à Sorman (ouest) et Tripoli, selon le régime libyen.

L'OTAN a assuré mardi qu'elle prenait toutes les précautions possibles pour éviter les pertes civiles en Libye, répondant aux critiques du chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, qui a estimé la veille que de telles erreurs remettaient en cause la crédibilité de l'alliance.

«Je dirais que notre réputation et notre crédibilité ne sont pas remises en question», a déclaré lors d'une conférence de presse le lieutenant-colonel Mike Bracken, porte-parole de la mission «Protecteur unifié» dirigée par l'OTAN.

«Nous ne pouvons pas courir le risque de tuer des civils, c'est quelque chose qui ne va absolument pas», avait affirmé M. Frattini lundi.

M. Bracken est revenu mardi sur les trois incidents ayant créé la polémique ces derniers jours.

Il a à nouveau reconnu que l'Alliance avait tué par erreur des civils lors d'une frappe nocturne à Tripoli dimanche, dans laquelle neuf personnes, dont cinq membres d'une même famille sont mortes. Il a également réitéré les regrets de l'OTAN pour la frappe accidentelle d'une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin.

Mais il a insisté sur le fait qu'un raid aérien mené lundi à Sorman, à l'ouest de Tripoli et qui a fait selon les autorités libyennes 15 morts, dont trois enfants, avait frappé une «cible militaire légitime».

Ce raid a visé une résidence de Khouildi Hmidi, un vieux compagnon de route du leader Mouammar Kadhafi, touchée par huit missiles.

L'OTAN affirme que ce «raid de précision» avait touché un «centre de commandement et de contrôle de haut niveau».

Un journaliste de l'AFP, emmené sur place avec d'autres correspondants de la presse internationale, a constaté que plusieurs bâtiments avaient été détruits. Il a ensuite été conduit à l'hôpital où il a vu neuf corps, dont celui de deux enfants, et des morceaux d'autres cadavres.

Au niveau diplomatique, la Chine qui accueillait mardi le dirigeant rebelle libyen Mahmoud Jibril, a estimé côté que «la situation ne peut plus durer» et veut pousser les deux parties au conflit à négocier.

La coalition internationale a commencé son intervention le 19 mars, sous mandat de l'ONU pour protéger la population civile en Libye où un mouvement de contestation sans précédent contre Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, était réprimé dans le sang.

L'OTAN, qui a pris le commandement des opérations le 31 mars, connaît des moments difficiles, surtout après l'annonce faite le 10 juin par la Norvège qui a décidé de réduire son engagement, puis qu'elle y mettrait fin à compter du 1er août, deux mois avant l'expiration de l'actuel mandat de l'OTAN.

Mais la contestation la plus forte vient des États-Unis, où le président Barack Obama se prépare à un conflit ouvert cette semaine au Congrès.

La Maison Blanche a ainsi mis en garde lundi le Congrès contre tout «mauvais message» qu'il pourrait envoyer sur la Libye, alors que des élus, furieux de ne pas avoir été consultés sur l'intervention en Libye, menacent d'en supprimer le financement.

À Londres, le premier ministre britannique David Cameron a répondu non sans irritation mardi aux critiques de hauts responsables militaires en répétant que l'armée avait les moyens de poursuivre sa mission en Libye «aussi longtemps qu'il le faudra».

Par ailleurs, Human Rights Watch a indiqué mardi que les forces loyalistes avaient posé des mines antipersonnel à Nafoussa (au sud de Tripoli) où les rebelles tentent d'avancer vers la capitale.

Depuis le 15 février, le conflit a fait entre «10 000 et 15 000» morts et obligé près de 952.000 personnes à prendre la fuite, selon des organisations internationales.