Le président sud-africain Jacob Zuma, qui s'est rendu lundi à Tripoli pour rencontré Mouammar Kadhafi, a estimé que les raids de l'OTAN sapaient la médiation africaine en faveur de la paix en Libye affirmant par ailleurs que le dirigeant libyen en avait accepté la feuille de route.

Le colonel Kadhafi est «prêt» à mettre en application la feuille de route de l'Union africaine pour mettre fin à la crise libyenne, à commencer par le cessez-le-feu qui doit inclure «toute les parties» et comprendre l'arrêt des bombardements de l'OTAN, a déclaré M. Zuma aux télévisions libyenne et sud-africaine.

La «feuille de route» a été rejetée par le Conseil national de transition (CNT), l'organe de direction de la rébellion.

M. Zuma a jugé que le fait d'avoir à «demander la permission de l'OTAN» pour se rendre en Libye «sapait l'intégrité de l'Union africaine».

«Nous ne pouvons permettre que ce conflit dure trop longtemps. Cela pourrait déboucher sur une situation malheureuse pour la Libye et peut-être pour Kadhafi lui-même», a-t-il ajouté.

Venu à Tripoli pour évoquer avec le colonel Kadhafi une stratégie qui lui permettrait de quitter le pouvoir après près de 42 ans de règne, M. Zuma est arrivé à 9h00 à la résidence Bab Al-Aziziya du raïs et en est ressorti deux heures plus tard.

La télévision libyenne a diffusé des images de M. Kadhafi qui accueillait M. Zuma à l'entrée d'un bâtiment: il s'agissait de sa première apparition publique depuis quelques semaines.

Pour la rébellion, «aucune négociation n'est possible avant (le) départ (de Kadhafi) et de son régime», a réaffirmé ce week-end le président du CNT, Moustapha Abdeljalil.

Le CNT a annoncé mardi que les forces de la rébellion libyenne qui combattent le régime de Kadhafi s'appelleront désormais Armée de libération nationale (ALN), pour refléter leur «professionnalisme» grandissant.

La médiation de l'UA, qui a appelé l'OTAN à cesser ses bombardements, prévoit un cessez-le-feu et l'instauration d'une période de transition conduisant à des élections démocratiques.

La nouvelle initiative diplomatique de M. Zuma intervient alors que l'OTAN a intensifié ses bombardements dans le but de porter le coup décisif au régime libyen.

«Des sites civils et militaire dans la région de Wadi Kaam, à Zliten, ont été la cible lundi de raids de l'agresseur colonialiste croisé», a rapporté l'agence Jana, ajoutant que «11 martyrs sont tombés et un certain nombre de personnes ont été blessées».

L'OTAN a mené dans la nuit de lundi à mardi de nouveaux raids sur Tripoli et sa banlieue Tajoura ainsi qu'à Al-Jafra, à 600 km au sud de la capitale, a rapporté la télévision d'Etat libyenne.

L'OTAN, qui a pris le 31 mars la tête de la coalition internationale, a quant à elle annoncé avoir détruit une vingtaine d'objectifs militaires lors des frappes menées dimanche.

«En deux mois seulement, nous avons réalisé des progrès significatifs. Nous avons sérieusement réduit la capacité de Kadhafi de tuer son propre peuple», s'est félicité le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, appelant à nouveau au départ du dirigeant libyen.

Ces dernières semaines, les soutiens étrangers au régime libyen se sont réduits comme peau de chagrin, avec en particulier la défection vendredi de la Russie, allié traditionnel de Tripoli, qui s'est rangé aux côtés des Occidentaux qui réclament le départ de M. Kadhafi.

Autre signe de son isolement grandissant: huit officiers libyens, dont cinq généraux, ont fait défection et ont appelé lundi d'autres officiers à suivre leur exemple lors d'une conférence de presse à Rome.

Ces officiers «font partie des 120 qui ont quitté Kadhafi et la Libye ces derniers jours», a déclaré l'ancien ministre libyen des Affaires étrangères, Abdel Rahman Chalgam.

Sur le plan humanitaire, un nouveau camp de réfugiés d'une capacité de 1600 personnes, financé par le Qatar, a ouvert ses portes en Tunisie, à Tataouine (sud), alors que près de 60 000 Libyens fuyant les violences se trouvent dans la région, a indiqué le responsable qatari du camp à l'AFP.

Enfin, «Libya Al Hurra» (La liberté), première télévision libyenne à être lancée depuis la début de la rébellion contre Moummar Kaddhafi a commencé» lundi soir à émettre depuis Benghazi, fief de la rébellion dans l'est du pays.