Des milliers d'insurgés libyens qui défendent la ville de Zenten, au sud-ouest de Tripoli, ont réussi mercredi à repousser les forces du colonel Mouammar Kadhafi, après une journée de combats et de bombardements, a constaté une équipe de l'AFP.

Dans la nuit, on pouvait entendre à travers la ville des tirs de joie et des youyous de femmes, notamment près de l'hôpital de la ville, visé dans la journée par plusieurs tirs de missiles Grad. Dans la nuit, un avion de l'OTAN a survolé la ville.

Des membres du personnel de l'hôpital ont décrit à l'AFP le «manque cruel» de moyens dont ils disposent pour soigner les malades et blessés, dont un soldat du colonel Kadhafi mercredi.

Durant la journée, plusieurs dizaines de roquettes Grad ont touché la ville, a indiqué un témoin sur place. Selon lui, trois de ces roquettes ont endommagé le stationnement de l'hôpital, son entrée principale et l'entrée des urgences, ainsi que plusieurs habitations.

Dans l'après-midi environ 5000 rebelles, selon le chef des opérations Fathi El Ayeb, pharmacien dans le civil, avaient pris position à environ 8 km à l'est de la ville, répartis sur environ 3 km de profondeur, face aux troupes loyalistes à environ 2 km et qui pilonnaient la ville du haut des collines avoisinantes avec des blindés et des missiles.

Des échanges de tir intenses entre les deux camps se sont déroulés pendant une heure, notamment avec des batteries antiaériennes, tandis que les insurgés recevaient des renforts.

Ils ont alors progressé vers les lignes loyalistes avec une couverture de tir, notamment au RPG. Les forces du colonel Kadhafi se sont finalement repliées vers un village tenu par une tribu fidèle au «Guide».

Durant les combats, un blindé «kadhafiste» a été détruit, touché de plein fouet par un missile, et les insurgés en ont ramené un autre intact derrière leurs lignes.

Le long des routes qui parcourent cette région valonnée, notamment celle qui relie Zenten à Kabaou, plus à l'ouest, les insurgés ont creusé de nombreuses tranchées d'un mètre de profondeur pour s'y réfugier le cas échéant.

De nombreuses familles fuyaient Zenten mercredi vers l'ouest, en direction de la Tunisie, selon ce témoin.

Au poste frontière de Dehiba, entre la Libye et la Tunisie, des témoins ont vu dans la journée une file d'environ 500 voitures côté libyen qui attendaient de passer en Tunisie.

Depuis plusieurs jours, les habitants de l'Ouest libyen signalent une recrudescence des combats. Les forces loyales à Mouammar Kadhafi, stationnées dans la plaine, tentent de couper les communications entre les localités de cette zone montagneuse qui s'est soulevée dès le début du mouvement de contestation contre le régime.

La zone s'étend sur plus de 150 km entre Yefren à l'est et Nalout à l'ouest, non loin de la frontière tunisienne où les rebelles libyens ont pris jeudi matin le poste-frontière libyen de Dehiba, l'un des principaux entre la Libye et la Tunisie.

Des «concentrations» de forces loyalistes étaient signalées mercredi dans la région de Dehiba, laissant penser qu'une contre-offensive se prépare, selon une source militaire occidentale.