Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a accusé mardi l'OTAN de vouloir tuer son «ami» Mouammar Kadhafi, au lendemain d'une frappe aérienne de l'organisation qui a détruit le bureau du dirigeant libyen, et renouvelé sa proposition d'envoi d'une mission de paix.

«Vous savez que Kadhafi est notre ami, mais cela n'a rien à voir avec l'amitié. Qui a le droit de lancer des bombes ainsi? Ils cherchent Kadhafi pour le tuer», a déclaré le chef de file de la gauche radicale latino-américaine, principal allié du dirigeant libyen dans la région.

«Nous ne sommes pas d'accord avec tout ce que fait ou a fait Kadhafi, mais qui peut s'arroger le droit de lui lancer des bombes tous les matins? Et elles tombent sur un centre commercial, un hôpital, une université. Tout ça pour obtenir la fin d'un régime», a-t-il ajouté à l'occasion d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays d'Amérique latine et des Caraïbes à Caracas.

L'OTAN a nié mardi avoir cherché à prendre le colonel Kadhafi pour cible en bombardant dimanche son bureau dans son immense résidence du secteur de Bab Al-Aziziya, dans la banlieue de Tripoli.

Selon le commandant de la mission de l'OTAN en Libye, le général canadien Charles Bouchard, le raid visait un centre de communications situé dans la résidence du colonel Kadhafi, utilisé pour coordonner les attaques contre des civils.

La mission de l'OTAN ne vise «pas les individus», a affirmé le général canadien. «Il s'agit de mettre fin à la violence contre la population», pas d'imposer un changement de régime, a-t-il ajouté.

M. Chavez a relancé sa proposition d'envoi d'une mission de paix en Libye pour «trouver une solution politique à ce problème». Il l'avait formulée début mars, peu après le début du conflit, mais elle avait été rejetée par l'opposition libyenne et n'avait rencontré qu'un faible écho international.

Le dirigeant vénézuélien considère que l'intervention étrangère en Libye n'a qu'un seul but: «s'emparer du pétrole» de ce pays nord-africain, membre comme le Venezuela de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

Une cible légitime

Le bureau du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, bombardé lundi, constitue une «cible légitime», ont estimé mardi les ministres américain et britannique de la Défense, Robert Gates et Liam Fox.

«Nous considérons que les centres de contrôle et de commandement sont des cibles légitimes et nous en avons détruit ailleurs», a affirmé le secrétaire américain à la Défense Robert Gates lors d'un point presse avec son homologue.

C'est de là que sont commandées les forces du régime Kadhafi qui commettent des violences contre les populations civiles, comme à Misrata, a-t-il expliqué.

Mais le colonel Kadhafi n'est pas lui-même la cible des avions de l'OTAN, a précisé M. Gates: «nous ne le visons pas spécifiquement».

Se gardant de préciser que le dirigeant libyen n'était pas lui-même la cible de raids aériens, le ministre britannique a répété qu'il était «légitime» de s'en prendre aux centres de commandement libyens.

«Tant que le gouvernement continue de s'en prendre aux civils, nous continuerons de considérer tous leurs mécanismes de commandement et de contrôle comme des cibles légitimes», a ajouté Liam Fox.