Les États-Unis ont annoncé jeudi le recours à des drones armés en Libye, répondant au souhait de certains pays de l'Otan d'un durcissement des opérations aériennes, mais Washington entend bien demeurer en retrait des actions militaires contre les forces pro-Kadhafi.

Le président Barack Obama «a approuvé le recours à des Predators armés et je crois bien que cela a été leur première mission aujourd'hui», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Robert Gates lors d'une conférence de presse.

Après avoir mené la coalition internationale intervenant pour protéger la population civile et instaurer une zone d'interdiction aérienne pendant les premiers jours de l'intervention, les États-Unis ont mis fin à leurs missions de bombardement début avril.

Ils se contentent depuis d'un rôle de soutien à l'Otan avec leurs «capacités uniques», notamment leurs nombreux avions ravitailleurs et avions de brouillage.

Mais ils gardent à disposition des moyens de frappes aériennes si l'Alliance atlantique en fait la demande. Dont les avions sans pilote Predator, engins très endurants et emportant deux missiles ou deux bombes de 125 kilos.

«Ce qu'ils apporteront d'unique, c'est la capacité de voler plus bas et donc d'avoir une meilleure visibilité sur des cibles précises, maintenant qu'elles (les forces loyales au colonel Kadhafi) ont commencé à s'enterrer dans des positions défensives», a expliqué le vice chef d'état-major interarmées, le général James Cartwright, précisant qu'ils étaient «parfaitement adaptés» aux zones urbaines.

Deux Predators seront en permanence engagés au-dessus de la Libye, ce qui nécessite la mobilisation d'environ 8 drones, a-t-il ajouté. Les premiers vols ont eu lieu jeudi mais ils n'ont pu effectué de frappes en raison du mauvais temps, selon lui.

Ces drones sont à disposition depuis début avril et ont déjà effectué des missions de renseignement, a expliqué à l'AFP un responsable américain de la Défense. C'est à la demande de l'Otan qu'ils vont dorénavant effectuer des frappes, a-t-il ajouté.

L'organisation atlantique a été sous le feu des critiques de l'opposition libyenne et de certains de ses membres ces derniers jours, accusée de ne pas faire assez contre les forces loyales au dirigeant libyen.

La France et le Royaume-Uni assurent la moitié des missions de bombardement et quatre alliés -la Belgique, le Canada, le Danemark et la Norvège- effectuent l'autre moitié. Pour ces six pays, un meilleur partage du fardeau politique et militaire serait le bienvenu.

Outre leur rôle de soutien, les États-Unis ont de leur côté effectué huit frappes contre des sites de défense anti-aérienne depuis la passation de commandement à l'Otan début avril.

Pour le patron du Pentagone, «l'Otan a montré sa capacité à poursuivre la mission», c'est-à-dire à diriger et conduire les opérations militaires.

Mais l'engagement de drones ne change en rien la nature de l'engagement américain, a-t-il prévenu.

Réticent à l'intervention américaine en Libye, M. Gates n'a pas manqué de rappeler que les Etats-Unis avaient des «engagements importants ailleurs qu'au Moyen Orient», citant notamment les 100 000 soldats déployés en Afghanistan.

Ces drones «sont un moyen très limité» qui apportent «une capacité supplémentaire à l'Otan», a souligné le secrétaire à la Défense, jugeant cette «contribution modeste».

La chute du régime de Mouammar Kadhafi reste le «but politique» mais il revient aux Libyens de s'en charger, a-t-il rappelé: «cela marche mieux quand c'est fait depuis l'intérieur et cela peut prendre du temps».