Dans les premiers jours du soulèvement libyen, l'armée de Mouammar Kadhafi a bombardé des relais de transmission téléphonique d'Al-Madar, une des deux entreprises de cellulaires en Libye.

Le régime a aussi sectionné le câble de fibre optique qui relie la frontière égyptienne à la ville d'Ajdabiya, à l'ouest de Benghazi. Et détaché l'est du pays du câble sous-marin qui unit la Libye au reste du monde.

Résultat: le réseau internet est mort. Et l'unique réseau de cellulaires qui réussit à fonctionner à Benghazi, Libyana, est constamment surchargé, en plus d'avoir un rayon d'action limité. La bonne nouvelle, c'est qu'il est désormais gratuit: le service de comptabilité de Libyana se trouve...à Tripoli.

Pour communiquer avec d'autres villes, ou avec l'étranger, il faut un téléphone satellite. Pour surfer sur l'internet aussi.

L'autre jour, Mohamed, employé de l'hôtel Uzu à Benghazi, s'est installé sur le toit avec le téléphone satellite d'un journaliste. Il avait une longue liste de gens qui cherchaient à joindre leurs proches à Misrata. Mais il n'a réussi à joindre personne.

Un médecin libyen nous a confié être incapable de communiquer avec son amie de coeur qui vit à Toronto. Nous avons envoyé, de sa part, un message poignant. «Hayati, ma vie, tu me manques...»

Les ingénieurs de Libyana travaillent fort pour rebrancher le pays sur le reste de la planète. Une pièce d'équipement bloquée pendant huit jours à la frontière égyptienne a fini par être livrée cette semaine à Benghazi. Ils croient pouvoir restaurer les communications internationales avec la Libye d'ici quelques semaines.

Ça, c'est la bonne nouvelle. La mauvaise, c'est que les jours des appels téléphoniques gratuits sont comptés. Libyana compte mettre sur pied un système de facturation à Benghazi. «Il faut bien que nous puissions payer nos salaires», dit l'ingénieur Khaled Jabala. Cette vie en suspens ne peut pas durer éternellement.

Les forces du colonel Kadhafi ont bombardé les abords d'Ajdabiya hier, forçant les insurgés à se replier, alors que l'OTAN a exprimé ses regrets pour les bombardements meurtriers de la veille contre des chars rebelles près de cette ville de l'est de la Libye.

La situation restait confuse dans la région d'Ajdabiya, toujours tenue par les rebelles, mais quasi déserte en ce jour férié. Zenten, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli, est également la cible depuis plusieurs jours de tirs d'obus des forces loyalistes positionnées autour de la ville, selon un témoin joint par l'AFP.

La région a connu dans la nuit de jeudi à hier des frappes de l'OTAN, mais «la population ne comprend pas pourquoi la coalition ne bombarde pas les blindés de Kadhafi, elle est assez remontée», a ajouté ce témoin. Assiégé et pilonné sans relâche depuis un mois et demi par les troupes gouvernementales, Misrata (200 km à l'est de Tripoli) était le théâtre encore hier de violents combats entre les deux camps.

En parallèle, la rébellion a affirmé qu'elle ne demandait pas d'excuses à l'OTAN pour le raid meurtrier de jeudi sur ses positions dans la région de Brega (Est), mais elle souhaite améliorer ses communications avec l'organisation.

-Avec AFP