Mouammar Kadhafi semble chercher une voie diplomatique pour sortir du conflit alors que les États-Unis ont décidé de prolonger lundi leurs frappes en Libye ralenties en raison du mauvais temps, plus de deux semaines après le début de l'intervention internationale.

Lundi en milieu de journée, au lendemain d'intenses combats entre rebelles et forces loyales au dirigeant libyen aux portes de Brega, les combats ont repris pour la prise de ce port pétrolier situé à 800 km à l'est de Tripoli, selon les journalistes de l'AFP.

Les rebelles, à bord de pick-up et de voitures, ont réussi à avancer lundi matin jusqu'aux abords est de la ville avant d'être repoussés par des tirs d'artillerie et d'obus des forces pro-Kadhafi.

Sur le plan politique, le pouvoir libyen a connu un nouveau revers avec la démission dimanche d'un conseiller du colonel Kadhafi, Ali Triki, doyen des diplomates, quatre jours après la défection du chef de la diplomatie, Moussa Koussa.

Ce nouveau coup dur pour M. Kadhafi, de plus en plus isolé, est intervenu alors qu'au moins deux de ses fils, Seif al-Islam et Saadi, proposent une transition vers une démocratie constitutionnelle qui prévoirait le retrait du pouvoir de leur père, a rapporté le New York Times.

Le quotidien américain, citant un diplomate sous couvert de l'anonymat et un responsable libyen informés du projet, indique que la transition serait pilotée par Seif al-Islam.

Le Conseil national de transition (CNT), qui représente les rebelles, a aussitôt rejeté cette idée. « Kadhafi et ses fils doivent partir avant toute négociation diplomatique », a déclaré le porte-parole du CNT, Chamseddine Abdulmelah, à Benghazi, le fief des insurgés.

Par ailleurs, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères et des Affaires européennes, Abdelati Laabidi, a rencontré dimanche le Premier ministre grec Georges Papandreou.

Dépêché à Athènes, l'émissaire du colonel Kadhafi a transmis un message faisant apparaître que le régime « cherche une solution » au conflit en Libye.

Selon des sources officielles turques, le même émissaire était attendu lundi à Ankara afin de « demander l'aide de la Turquie » pour l'instauration d'un cessez-le-feu avec les insurgés.

Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a jugé lundi que les propositions de sortie de crise du régime « ne sont pas crédibles ». Après la France et le Qatar, l'Italie a décidé de reconnaître le CNT comme le « seul interlocuteur légitime ».

Une délégation de diplomates britanniques est arrivée samedi soir à Benghazi pour, selon Londres, « entrer en contact avec des personnalités, dont le CNT ».

Selon les médias italiens, le régime de Tripoli souhaiterait la collaboration de la Grèce et de Malte, en tant que membres de l'Union européenne, et d'Ankara en tant que membre de premier plan de l'OTAN à une médiation en vue d'un cessez-le-feu.

La contestation du régime du colonel Kadhafi, 68 ans, au pouvoir depuis près de 42 ans, a débuté le 15 février par une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile entre insurgés et forces loyales au dirigeant.

Une coalition internationale, avec à sa tête les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, est intervenue en Libye le 19 mars deux jours après l'adoption d'une résolution de l'ONU. L'OTAN a pris jeudi le commandement des opérations.

L'armée américaine avait prévu de retirer ses avions de combat et ses missiles Tomahawk du théâtre des opérations à partir du week-end. Mais selon le Pentagone, « en raison du mauvais temps récent en Libye, les États-Unis ont répondu positivement à la demande de l'OTAN de prolonger leurs frappes » aériennes jusqu'à lundi.

Le chef de la Royal Air Force (RAF), le maréchal Stephen Dalton, cité par The Guardian, a indiqué que des avions britanniques participeront aux opérations de maintien de la zone d'exclusion aérienne «pendant au moins six mois».

Dimanche, les combats à l'Est se sont concentrés autour de Brega, à 240 km au sud de Benghazi.

Après s'être emparés de l'Université du pétrole, énorme campus à l'entrée est de la ville, les rebelles ont dû se replier sous le feu des pro-Kadhafi.

Des avions de l'OTAN, dont les frappes aériennes ont freiné ces derniers jours la contre-offensive des forces loyalistes vers l'est, survolaient la région.

L'OTAN a indiqué dimanche qu'elle continuait à enquêter sur une possible bavure après la mort vendredi soir, selon les insurgés, de neuf rebelles et quatre civils dans une frappe de l'OTAN près de Brega.

Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a affirmé au quotidien italien La Stampa que certaines des victimes civiles étaient en réalité des « infiltrés de Kadhafi ».

Sur le plan humanitaire, un navire affrété par Médecins sans frontières a quitté dimanche Misrata (200 km à l'est de Tripoli) assiégée et bombardée depuis 40 jours par les forces pro-Kadhafi pour Sfax, en Tunisie, avec 60 blessés à bord.

Un transbordeur turc, transformé en hôpital, a par ailleurs évacué dimanche 460 blessés et réfugiés de Libye, a révélé lundi la presse turque.