Trois embarcations transportant des centaines de migrants africains en provenance de Libye, les premières depuis le début de la rébellion contre le colonel Kadhafi, sont arrivées dimanche en Italie, selon les garde-côtes et des organisations humanitaires.

Les bateaux avec environ 800 personnes à bord surtout des Erythréens, des Ethiopiens et des Somaliens, ont été transférés sur la minuscule île de Linosa, à proximité de Lampedusa, où s'entassent des milliers de migrants venus de Tunisie.

«Il n'y a plus de contrôles sur la côte libyenne. Des milliers de personnes sont en train de partir», a déclaré une Erythréenne de 26 ans sélectionnée sur l'une des embarcations pour des contrôles médicaux à Lampedusa et interrogée par la chaîne de télévision TG5.

Une Ethiopienne qui avait accouché à bord du premier bateau arrivé de Libye a été secourue samedi par un hélicoptère militaire italien et transportée à Palerme tandis qu'une autre passagère enceinte, également hospitalisée, a perdu son bébé.

Dès leur arrivée à Linosa, les quelque 300 migrants de la première embarcation ont été transférés sur un ferry à destination de Porto Empedocle en Sicile d'où ils seront acheminés vers un centre pour demandeurs d'asile.

Une quatrième embarcation a été signalée faisant route vers Lampedusa, avec 300 personnes à son bord, surtout des Somaliens et Erythréens, selon l'agence de presse italienne Ansa.

Selon le père Mussie Zerai, un prêtre érythréen qui a été en contact avec les migrants par téléphone satellitaire, un cinquième bateau avec à son bord 68 personnes est parti de Libye mais est en difficulté à seulement 95 km (60 milles) de la côte et n'a pas assez de fioul pour faire la traversée.

«Des centaines de vies de réfugiés ont été sauvées mais il y en a beaucoup d'autres qui sont piégés en Libye», a déclaré le père Zerai, sur le site internet de son groupe d'aide aux immigrés Habeshia. Il a appelé «l'Union européenne à faire preuve de solidarité dans cette période dramatique en accueillant les réfugiés érythréens, éthiopiens et somaliens».

Ils fuient «l'escalade militaire, les attaques et les représailles», a assuré Laura Boldrini, porte-parole en Italie du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), en réclamant une «protection internationale».

Ces dernières années, la Libye formait un véritable rempart contre le départ vers l'Europe de centaines de milliers de candidats à l'émigration en provenance d'Afrique sub-saharienne.

Un traité conclu en août 2008 entre l'Italie et la Libye avait entraîné, selon les autorités italiennes, la diminution de 94% des débarquements de clandestins en Italie, avec une politique de refoulement immédiat, dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme.

Mais après le début de l'insurrection libyenne, réprimée dans le sang, et le lancement de l'intervention militaire de la coalition internationale, le colonel Kadhafi a affirmé qu'il cesserait «de lutter contre l'immigration clandestine pour que des millions de noirs affluent vers l'Europe».

Rome a affirmé craindre une vague d'au moins 200 000 à 300 000 immigrés en cas de chute de Mouammar Kadhafi. Plus de 18 000 sont arrivés depuis le début de l'année à Lampedusa et plus de 5000 s'y trouvaient encore ce week-end, dont la moitié dorment dehors dans des abris précaires.