Les forces de la coalition internationale effectuaient mercredi des frappes aériennes en Libye contre les troupes au sol du colonel Mouammar Kadhafi, après avoir neutralisé son aviation militaire.

L'aviation libyenne «n'existe plus comme force de combat» après l'intervention de la coalition, a affirmé mercredi un haut gradé de la Royal Air Force, Greg Bagwell, cité par des médias britanniques.

«En réalité, leur forces aériennes n'existent plus comme force de combat», a-t-il expliqué pendant une visite aux pilotes de la RAF sur la base de Gioia del Colle, dans le sud de l'Italie.

Les forces de la coalition effectuent des frappes aériennes contre les forces au sol du colonel Kadhafi, qui attaquent notamment les villes d'Ajdabiya, Misrata et Zawiyah, a indiqué mardi le contre-amiral américain Gerard Hueber.

Adjoint du commandant opérationnel de la coalition, le contre-amiral Hueber a affirmé que les avions de la coalition «mettent la pression sur les forces au sol de Kadhafi qui menacent les villes».

«Afin de protéger les populations civiles, en accord avec nos partenaires de la coalition, oui, nous nous en prenons aux forces de Kadhafi qui attaquent les centres de population et mettons la pression sur elles», a-t-il ajouté.

Les combats faisaient rage mercredi dans plusieurs villes entre rebelles et partisans de Kadhafi au cinquième jour de l'intervention militaire internationale, selon les rebelles et des témoins.

Des combats secouent la ville clé d'Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi, le fief de l'insurrection. Les habitants fuient en masse la ville.

L'un des résidents, Faraj, a affirmé que les combats l'ont empêché de revenir dans sa ville. «Il y avait des bombardements et nous avons vu des maisons en feu».

Une colonne de fumée s'élevait au-dessus de la ville, des bombardements et des tirs intermittents étaient entendus, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Ils sont en train de tirer des missiles Grad sur les maisons», a affirmé Hamed al-Qabaili, fuyant également Ajdabiya. Selon lui, les combats se produisaient aux entrées est et ouest de la ville, privée de gaz et d'electricité.

Plus à l'ouest, à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), 17 personnes dont cinq enfants ont été tuées mardi par des snipers et des obus des forces pro-Kadhafi, selon un médecin de l'hôpital.

«La journée d'hier a été catastrophique. Nous avons eu le sentiment que c'était la fin», a déclaré ce médecin. Lundi, 40 morts avaient été dénombrés dans cette ville, selon les rebelles.

«Aujourd'hui c'est le soulagement. Les forces de la coalition ont mené mardi soir des raids intensifs sur des positions des bataillons de Kadhafi qui ont essuyé des pertes considérables», a indiqué un porte-parole des rebelles.

À l'ouest, à Zenten, les combats continuaient mercredi.

«Les forces loyales à Kadhafi tiraient ce matin en direction de Zenten avec des (lance-roquettes multiples) Grad depuis des positions situées au nord de la ville. J'ai entendu 25 tirs en une vingtaine de minutes», a indiqué un témoin.

À quelques dizaines de km au nord, à Yefren, «les forces de Kadhafi ont entrepris une offensive meurtrière lundi et mardi et les combats ont fait au moins 9 morts», selon un habitant.

Les avions de la coalition ont effectué 97 sorties au cours des 24 dernières heures, frappant des chars et des batteries anti-aériennes, ont annoncé les forces américaines.

Les frappes aériennes «continuent à cibler les centres de commandement, les systèmes de défense anti-aérien, et les chars», a déclaré le porte-parole.

Les F-16 danois ont effectué leurs premières missions de bombardement en Libye au cours des dernières 24 heures.

La France optimiste

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est montré optimiste sur une issue rapide de la guerre: «ce sera une opération de courte durée». Mais le secrétaire à la Défense américain Robert Gates a déclaré au Caire qu'il n'y avait pas de «calendrier» pour la fin des opérations.

Mardi, le président américain Barack Obama avait indiqué que les États-Unis avaient réduit de façon «significative» le nombre de survols par leurs avions de la Libye.

Il a prévenu que Washington avait d'autres cartes que l'option militaire: «Nous avons mis en place de fortes sanctions internationales. Nous avons gelé ses avoirs. Nous continuerons à utiliser un vaste éventail de moyens de pression contre» Kadhafi.

Les pays de l'Union européenne sont parvenus à un accord de principe pour sanctionner le principal groupe pétrolier libyen, la compagnie nationale NOC.

Paris et Washington ont annoncé mardi soir être parvenus à un accord sur la question du rôle de l'OTAN dans le commandement des opérations.

Washington a évoqué un «rôle clef», expression non reprise par la présidence française. Six navires de l'OTAN soutenus par l'aviation ont commencé à patrouiller au large de la Libye, a indiqué mercredi l'Alliance atlantique.

L'OTAN interviendra comme «outil de planification et de conduite opérationnelle» dans la mise en oeuvre d'une zone d'exclusion aérienne, a dit Alain Juppé.

La première réunion du groupe de contact sur la Libye, réunissant États-Unis, France, Grande-Bretagne et les pays participants à l'opération, se tiendra mardi à Londres. Il s'agit de «bien marquer que le pilotage politique de l'opération, ce n'est pas l'OTAN, c'est ce groupe de contact», a dit Alain Juppé.Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, fait face depuis le 15 février à une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300 000 personnes à fuir.