Les trois journalistes, dont deux de l'AFP, arrêtés samedi près d'Ajdabiya (est de la Libye) ont été libérés dans la nuit de mardi à mercredi à Tripoli.



Dave Clark, Roberto Schmidt, tous deux de l'AFP, et Joe Raedle, de l'agence Getty Images, sont arrivés à l'hôtel Rixos, dans le centre de la capitale libyenne, où ils ont été accueillis par l'un de leurs collègues.

Leur libération imminente avait été annoncée quelques heures plus tôt par un porte-parole du régime libyen Moussa Ibrahim.

«Tous ceux qui à chaque instant de leur vie pensent que la liberté n'est pas un vain mot se réjouissent profondément à cette heure que Dave Clark, Roberto Schmidt et Joe Raedle retrouvent cette même liberté si nécessaire à l'expression de leur vie, de leur talent et de leur profession de journaliste», a déclaré le Président directeur-général de l'AFP Emmanuel Hoog dans un communiqué.

«Cette libération est le fruit de la mobilisation de toute une équipe, de toute une rédaction et de toute une entreprise: l'AFP. Je remercie, au sein de l'entreprise, chacun pour sa mobilisation, le gouvernement français pour sa détermination à trouver une juste et heureuse issue à cette détention et les autorités libyennes pour leur célérité, à la suite de ma demande urgente, d'affranchir des journalistes dont la seule cause était de témoigner de la réalité de la situation qu'affronte aujourd'hui la Libye», a-t-il ajouté.

M. Hoog avait fait parvenir plus tôt mardi une lettre à Mouammar Kadhafi demandant la libération des trois journalistes.

«Le leader de la révolution (libyenne Mouammar Kadhafi) a reçu un appel de la part du Pdg de l'Agence France-Presse Emmanuel Hoog, et le leader a demandé (...) à l'Etat et au gouvernement libyen de libérer ces journalistes», avait déclaré M. Ibrahim.

«Ils peuvent rejoindre leurs familles s'ils le souhaitent, ou rester et travailler légalement à Tripoli s'il le veulent», a-t-il encore ajouté.

Dave Clark, 38 ans et de nationalité britannique, Roberto Schmidt, 45 ans, qui a la double nationalité colombienne et allemande, et Joe Raedle, 45 ans également et citoyen américain, n'avaient plus donné de leurs nouvelles depuis vendredi soir. L'AFP avait établi lundi qu'ils avaient été arrêtés samedi près d'Ajdabiya par des troupes loyales à Mouammar Kadhafi.

Dave Clark, chef adjoint du bureau de Paris, est envoyé spécial en Libye depuis le 8 mars. Roberto Schmidt, photographe au bureau de Nairobi, se trouve dans l'est de la Libye depuis le 28 février dernier.

«Ces trois journalistes de l'AFP sont entrés illégalement dans le pays depuis les frontières est, ils étaient dans une zone militaire où des opérations étaient menées il y a quelques jours», avait affirmé M. Ibrahim peu avant leur libération.

«Ils ont été arrêtés par l'armée libyenne parce qu'ils étaient avec des rebelles armés», a précisé M. Ibrahim, précisant que les journalistes ont été «bien traités» et ont subi un examen médical avant d'être conduits à Tripoli.

Leur chauffeur libyen, Mohammed Hamed, dont le témoignage avait été recueilli lundi par l'AFP, a expliqué avoir pris les trois hommes à son bord le 19 mars au matin à Tobrouk. Il les a accompagnés sur la route menant à Ajdabiya, un bastion de la rébellion assiégé par l'armée libyenne plus à l'ouest.

A quelques dizaines de kilomètres d'Ajdabiya, ils ont croisé une colonne de jeeps et véhicules de transport de militaires fidèles à Mouammar Kadhafi. Ils ont fait demi-tour mais ont été pris en chasse par ces militaires qui les ont rattrapés et contraints à s'arrêter.

Ils avaient ensuite été emmenés vers une destination inconnue avant d'être libérés à Tripoli, située à plus de 800 kilomètres à l'ouest d'Adjdabiya.