Les représentants de la diplomatie internationale, réunis lundi à Genève pour le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, ont accru la pression sur le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, laissant augurer de nouvelles sanctions pour obtenir son départ.

«Nous devons travailler tous ensemble à des mesures supplémentaires pour que le gouvernement Kadhafi rende des comptes, pour fournir une aide humanitaire et pour soutenir le peuple libyen dans sa quête d'une transition vers la démocratie», a lancé la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

En marge de la réunion, le chef de la diplomatie américaine a multiplié les entretiens avec ses homologues européens et de plusieurs pays arabes en vue de préparer «l'après-Kadhafi» en Libye.

Catherine Ashton, la représentante diplomatique de l'Union européenne, a insisté pour sa part sur la nécessité de coordonner les sanctions internationales.

Les 27 ont annoncé lundi leur propre ensemble de sanctions contre le colonel Kadhafi et sa famille, deux jours après les États-Unis et l'ONU.

«Il est très important d'agir ensemble pour avoir le plus fort impact possible», a dit Mme Ashton, soulignant que c'était l'objet des discussions à Genève lundi.

Après l'unanimité obtenue à l'ONU pour condamner les agissements du régime, il fallait lundi «maintenir l'élan» à Genève, a résumé le chef de la diplomatie britannique William Hague.

Mission accomplie selon lui : la communauté internationale a su «mettre ses différends de côté pour montrer que nous sommes aux côtés du peuple libyen».

Les uns et les autres ont voulu signaler lundi qu'ils étaient déjà prêts à aller plus loin.

Mme Clinton a promis d'«explorer toutes les options possibles» d'action, soulignant que «rien n'est exclu tant que le gouvernement libyen continue de menacer et de tuer des citoyens libyens».

Dès dimanche, elle avait a offert l'aide des États-Unis à tous ceux qui tentent de faire chuter Mouammar Kadhafi, un dirigeant accusé d'avoir «perdu sa légitimité» en s'en prenant à son peuple.

Son homologue allemand, Guido Westerwelle, a avancé une piste en proposant de geler tout paiement à la Libye pendant 60 jours, pour empêcher, a-t-il dit, le colonel Kadhafi d'employer des mercenaires.

Interdiction de survol

Selon le New York Times, les États-Unis et leurs alliés européens examinent aussi l'idée, qui circule beaucoup depuis une semaine, d'interdire tout survol de la Libye pour empêcher le massacre de civils par l'aviation libyenne fidèle au régime en place à Tripoli.

L'idée a été soutenue lundi à Genève par le ministre australien des Affaires étrangères Kevin Rudd. Mais elle ne paraît pas encore faire consensus, et dépend en tout état de cause d'une décision du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Premier ministre français, François Fillon, a quant à lui souligné que seule l'Otan pourrait mettre en oeuvre cette proposition.

Ouvrant plus tôt cette première journée «de haut niveau» de la 16e session du Conseil, la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay avait réclamé l'attention du monde sur la crise libyenne.

Pour elle, «la communauté internationale a la grande responsabilité d'apporter son appui en paroles et en actes pour aider à mettre en place les réformes indispensables» à un Moyen-Orient en pleine transformation.

«Nos valeurs et nos intérêts convergent, car soutenir ces transitions n'est pas seulement affaire d'idéal, c'est un impératif stratégique», a jugé Mme Clinton, offrant l'aide des États-Unis au «printemps arabe».

La représentante du président Barack Obama a plaidé pour une très large ouverture politique dans le monde arabe, excluant seulement «les influences antidémocratiques».