Le président américain Barack Obama a appelé son homologue français Nicolas Sarkozy jeudi soir à propos de la Libye et ils ont exigé «un arrêt immédiat de l'usage de la force», a annoncé Paris, ajoutant que la France souhaitait une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

«Face à la poursuite de la répression brutale et sanglante et aux déclarations menaçantes de la direction libyenne, les deux présidents ont réitéré leur exigence d'un arrêt immédiat de l'usage de la force contre la population civile», a indiqué la présidence française.

Nicolas Sarkozy avait déjà durci le ton mercredi contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et pressé l'Union européenne d'adopter des «sanctions concrètes» contre les responsables de la répression en Libye.

La répression contre le soulèvement populaire contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, a fait 300 morts, selon un bilan officiel libyen. Selon la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH), elle en a fait au moins 640.

Jeudi, au cours de sa conversation avec Barack Obama, le président français «a présenté les mesures actuellement examinées, à son initiative, au sein de l'Union européenne, dont il souhaite l'adoption rapide. Le président Obama a présenté les mesures que comptaient prendre de leur côté les États-Unis», a ajouté la présidence sans plus de précisions.

Le président français «a annoncé l'intention de la France de demander une nouvelle réunion urgente du Conseil de sécurité (de l'ONU, ndlr) sur la situation au Libye».

«Dans le prolongement de la déclaration adoptée à l'unanimité par le Conseil le 22 février, des mesures concrètes sont désormais nécessaires, notamment pour permettre l'accès immédiat de l'aide humanitaire et pour sanctionner les responsables des violences contre la population civile libyenne», selon la présidence.

Peu avant ce communiqué, la Maison Blanche avait annoncé à Washington que Barack Obama appellerait jeudi Nicolas Sarkozy ainsi que le Premier ministre britannique David Cameron pour qu'ils coordonnent leurs actions en vue de mettre fin à la répression en Libye.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, n'avait pas non plus donné de détails sur les actions envisagées par les États-Unis, sur fond d'appels à des sanctions contre le régime libyen et d'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus du pays.

En France, l'ambassadeur chargé des droits de l'homme a estimé jeudi que les violences perpétrées par le pouvoir en Libye «pourraient constituer des crimes contre l'humanité» et que la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) devait être envisagée.

Parlant du «devoir d'intervenir» de la communauté internationale, le ministre français de la Défense Alain Juppé a dit souhaiter «de tout coeur que Kadhafi vive ses derniers moments de chef d'État». Il a affirmé qu'une intervention militaire n'était pas d'actualité, même si l'idée d'une zone d'exclusion aérienne, qui empêcherait l'aviation de Kadhafi de bombarder sa propre population, «mérite d'être étudiée».

Mardi le Conseil de sécurité de l'ONU (dont les USA, la France et le Royaume-Uni comptent parmi les membres permanents) avait demandé «la fin immédiate» des violences en Libye et condamné la répression des manifestations anti-Kadhafi, lors d'une réunion d'urgence consacrée à la crise dans le pays.