L'aide humanitaire en Syrie semble avoir atteint un tournant, l'accent étant de plus en plus mis sur la «réhabilitation» des zones dévastées afin d'aider les Syriens à rentrer chez eux, a déclaré mercredi le chef du CICR.

«Pour nous, la Syrie est différente de la Syrie de l'an dernier et de la Syrie d'il y a deux ans», a déclaré le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, aux journalistes à Genève.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime du président Bachar al-Assad, le conflit en Syrie a fait plus de 350 000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des millions de déplacés et réfugiés.

M. Maurer a affirmé que la situation dans de nombreuses régions du pays semblait se stabiliser et a déclaré s'attendre à ce que l'accent ne soit plus mis uniquement sur l'aide d'urgence, mais aussi sur le rétablissement des services dans les régions où les gens veulent rentrer chez eux. «Pour nous, il est important que les mesures de réhabilitation soient mises en oeuvre», a déclaré le responsable suisse.

Il estime qu'il va y avoir «dans les mois à venir un changement» en terme d'aide humanitaire, qui ne sera plus uniquement centrée sur l'assistance d'urgence, grâce au développement d'activités dites de «protection», comme le rétablissement des services de base et la recherche des personnes disparues.

Le CICR a reçu depuis le début du conflit quelque 13 000 demandes de recherche de personnes, mais celles-ci ont bondi de 25% en 2017.

M. Maurer a également fait remarquer que la Syrie était maintenant morcelée en territoires assez bien définis et que les «grands acteurs» de ce conflit semblaient prêts à oeuvrer pour trouver «un consensus pour arrêter la guerre».

«J'ai l'impression que nous sommes à l'orée de quelque chose d'intéressant qui va modifier le cadre dans lequel nous faisons notre travail humanitaire [...] en Syrie. Je pense que nous entrons en ce moment dans l'ère de l'après grandes batailles», a-t-il dit.

Grâce à l'appui militaire de Moscou et le soutien de l'Iran, le régime de Damas a repris de vastes territoires aux jihadistes et aux rebelles, et contrôle plus de la moitié du pays.

La Turquie contrôle elle une zone dans le nord du pays qu'elle a reprise aux combattants kurdes à la suite d'une offensive lancée en janvier dans l'enclave kurde d'Afrine.

Quant à la province d'Idleb, frontalière de la Turquie, où vivent plus de 2,5 millions de personnes dont une moitié de déplacés, elle est en partie contrôlée par des jihadistes. De nombreux rebelles et leurs familles évacués de la poche insurgée dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, sont partis dans cette province.