Les États-Unis sont « prêts à dégainer » à nouveau en cas de nouvelle attaque chimique en Syrie, a assuré samedi au Conseil de sécurité l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.

Les États-Unis sont « prêts à dégainer » à nouveau en cas de nouvelle attaque chimique en Syrie, a assuré samedi au Conseil de sécurité l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.

« J'ai parlé au président (Trump) ce matin, il a dit que si le régime syrien continue d'utiliser ce gaz toxique, les États-Unis sont prêts à dégainer de nouveau», a répondu Haley.

La diplomate a réaffirmé que les États-Unis étaient dans leur droit pour mener des attaques aériennes en Syrie, justifiant l'intervention armée occidentale survenue tôt samedi contre des installations chimiques syriennes, avec le concours de la France et du Royaume-Uni.

Les États-Unis ont déclaré plus tôt samedi avoir « frappé avec succès » toutes les cibles syriennes prévues, en représailles à l'emploi présumé d'armes chimiques par le régime de Damas contre son peuple.

« Nous ne cherchons pas à intervenir dans le conflit en Syrie, mais nous ne pouvons permettre de telles violations des lois internationales », a déclaré une porte-parole du Pentagone, Dana White, au cours d'une conférence de presse.

« Nous avons frappé avec succès chaque cible », a-t-elle ajouté. « Les opérations de la nuit dernière ont été couronnées de succès. Nous avons atteint nos objectifs. Nous avons frappé les sites, le coeur du programme d'armes chimiques ».

« Donc, la mission a été accomplie », a-t-elle ajouté en écho au tweet du président américain Donald Trump.

« Mission accomplie! », a lancé sur Twitter le président américain, saluant une frappe « parfaitement exécutée » et remerciant les alliés français et britannique « pour leur sagesse et la puissance de leur excellente armée ».

Les frappes occidentales contre le régime syrien, « précises, importantes et efficaces », ont porté un tel coup au programme chimique syrien qu'il « mettra des années à s'en remettre », a pour sa part affirmé un haut responsable du Pentagone, le général Kenneth McKenzie.

« Nous pensons qu'en frappant Barzé, nous avons atteint le coeur du programme d'armes chimiques syrien », a-t-il ajouté. « Je ne dis pas qu'ils ne seront pas capables de le reconstituer. Je ne dis pas non plus que ça va continuer. Ca leur a porté un sacré coup ».

105 missiles lancés



Au total, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont lancé 105 missiles et « nous sommes sûrs que tous nos missiles ont atteint leur cible », a ajouté le général McKenzie, démentant ainsi les affirmations de Moscou selon lesquelles 71 des missiles occidentaux auraient été interceptés.

Les frappes elles-mêmes ont duré « une minute ou deux », a-t-il souligné. Les défenses antiaériennes russes n'ont pas été utilisées contre les forces occidentales et celles du régime syrien ne l'ont été qu'après la fin des frappes, a ajouté le général McKenzie au cours d'une conférence de presse.

« Aucun des avions ou missiles utilisés pendant cette opération, n'a été atteint par la défense antiaérienne syrienne », a-t-il déclaré, affirmant que le régime syrien a envoyé des missiles non-guidés après la fin des frappes, prenant ainsi le risque de faire des victimes civiles.

« Quand vous envoyez une bombe en l'air sans guidage, il faut bien qu'elle tombe quelque part », a-t-il lancé, réaffirmant que les frappes n'ont fait à la connaissance des États-Unis aucune victime civile ou militaire.

« Nous n'avons aucune indication que la défense antiaérienne russe ait été utilisée », a-t-il précisé.

La ministre française des Armées Florence Parly a pour sa part affirmé que tous les missiles français tirés «ont atteint leur objectif» et a salué le «succès» de la mission.

«La capacité de la Syrie à concevoir, produire et stocker des armes chimiques a été considérablement amoindrie», a affirmé la ministre.

PHOTO SANA VIA AP

Un «centre de recherches» dans le quartier de Barzé, à la limite nord-est de Damas, a été visé par des missiles, a dit l'agence officielle syrienne SANA.

LES PRINCIPALES RÉACTIONS

Russie: «Un coup a été porté contre la capitale d'un État souverain qui a tenté pendant de nombreuses années de survivre au milieu d'une agression terroriste», a écrit sur Facebook la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

«Nous avions averti que de telles actions appelleraient des conséquences», a déclaré l'ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov.

Syrie : L'«agression barbare et brutale» des Occidentaux «a pour principal objectif d'entraver le travail de l'équipe» de l'OIAC qui devait entamer samedi son enquête sur une attaque chimique présumée en Syrie (ministère des Affaires étrangères).

Le président Assad s'est dit plus déterminé que jamais à «lutter contre le terrorisme» en dépit de cette «agression».

Iran : «L'attaque menée ce matin contre la Syrie est un crime. Je déclare franchement que le président américain, le président français et la première ministre britannique sont des criminels (...), ils n'obtiendront rien et ne tireront aucun bénéfice», a affirmé le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

«Les États-Unis et leurs alliés (...) sont responsables des conséquences régionales de cette action aventuriste» (porte-parole du ministère des Affaires).

Israël : «L'an dernier, le président américain Donald Trump a fait savoir que l'utilisation d'armes chimiques reviendrait à violer une ligne rouge». Les frappes en sont la «conséquence». «La Syrie continue ses actions meurtrières», a déclaré un responsable israélien.

Turquie : Les frappes sont une réponse «appropriée» à l'attaque chimique présumée de Douma, «quels que soient les auteurs (de ces attaques à l'arme chimique), ils doivent en payer le prix» (président truc Recep Tayyip Erdogan).

Chine : La Chine s'est dite «opposée constamment à l'usage de la force dans les relations internationales» après les frappes menées en Syrie par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, et a appelé ces pays à «revenir dans le cadre du droit international et à résoudre la crise par le dialogue et la négociation». (porte-parole du ministère des Affaires étrangères)

Pays de l'Union européenne :

- L'UE a promis de «se tenir aux côtés de ses alliés du côté de la justice», «le régime syrien ne peut continuer cette tragédie humaine» (président du Conseil européen, Donald Tusk). Après l'utilisation d'armes chimiques «odieuses», la communauté internationale doit «identifier et demander des comptes» aux responsables et la Syrie a besoin d'une «solution politique négociée» à travers le processus de Genève des Nations Unies (président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker).

- ALLEMAGNE : «Nous soutenons le fait que nos alliés américains, britanniques et français (...) aient pris leurs responsabilités» (Angela Merkel).

- ITALIE : L'attaque de cette nuit a été une réponse «motivée par l'utilisation d'armes chimiques» et cette «action circonscrite (...) ne sera pas le début d'une escalade» (chef du gouvernement Paolo Gentiloni)

- L'ESPAGNE salue «une réponse légitime et proportionnée» aux «atrocités» de l'attaque chimique présumée du 7 avril. «Une attaque à l'aide d'armes chimiques est un crime contre l'humanité» (président du gouvernement Mariano Rajoy)

- Le PORTUGAL «comprend les raisons et l'opportunité de cette intervention militaire» face à «des formes de guerre que l'humanité ne peut tolérer» (ministère des Affaires étrangères).

- La GRECE «soutient les efforts pour l'éradication» des armes chimiques mais appelle à «contribuer immédiatement à une désescalade» en Syrie, «la diplomatie doit revenir sur le devant de la scène» (ministère des Affaires étrangères)

Pays arabes

- Le QATAR a «exprimé son soutien» aux opérations militaires des Occidentaux. «L'utilisation continue par le régime syrien contre les civils d'armes chimiques et qui frappent sans discrimination requiert une action immédiate de la communauté internationale».

- L'ARABIE SAOUDITE «apporte son plein soutien aux frappes (...) car elles constituent une riposte aux crimes du régime» syrien (ministère des Affaires étrangères).

- IRAK: les frappes occidentales en Syrie «offrent au terrorisme une opportunité de se développer après avoir été détruit en Irak et largement repoussé en Syrie» (ministère des Affaires étrangères).

- L'ALGÉRIE «ne peut que regretter» les frappes, menées «au moment où toute la communauté internationale attendait l'envoi d'une commission d'enquête pour vérifier ces informations relatives à l'usage de l'arme chimique que l'Algérie dénonce». «Il fallait attendre une commission d'enquête d'abord», ces frappes vont «peser négativement sur une dynamique de règlement politique de la crise syrienne» (premier ministre algérien Ahmed Ouyahia).

- L'ÉGYPTE dit sa «profonde inquiétude face à l'escalade militaire en cours sur la scène syrienne», qui «menace les accords obtenus» et exhorte la communauté internationale et les grandes puissances à trouver une «solution pacifique à la crise syrienne» et à «assurer l'accès à l'aide humanitaire pour ceux qui sont piégés et affectés par le conflit armé» (ministère des Affaires étrangères).

Organisations :

- OTAN: «Je soutiens les actions prises par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France contre les installations et capacités d'armes chimiques du régime syrien», a affirmé le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. «Elles vont réduire la capacité du régime à mener d'autres attaques contre le peuple de Syrie avec des armes chimiques».

- ONU: «J'appelle les États membres à faire preuve de retenue dans ces dangereuses circonstances et à éviter toute action qui pourrait conduire à une escalade et à aggraver la souffrance du peuple syrien», a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.