Les derniers rebelles dans l'ultime ville sous leur contrôle dans la Ghouta orientale ont remis leurs armes lourdes et leur chef a quitté la zone, marquant une importante victoire du régime avec la fin de l'une de ses plus sanglantes offensives en sept ans de conflit en Syrie.

Les combattants du groupe Jaich al-Islam et leurs familles ont quitté par milliers la ville de Douma, où le 7 janvier une attaque chimique présumée, imputée au régime, a fait selon des secouristes des dizaines de morts, et provoqué un tollé international ainsi que des menaces de frappes occidentales.

Dans une première réaction aux menaces de frappes, le président syrien Bachar al-Assad a mis en garde contre toute action occidentale en Syrie qui «déstabiliserait davantage la région».

C'est grâce principalement à l'aide militaire de la Russie, son allié indéfectible, que le régime Assad a multiplié les victoires face aux rebelles et jihadistes depuis 2015.

C'est d'ailleurs l'armée russe à Moscou qui a annoncé jeudi qu'un drapeau du gouvernement syrien flotte sur Douma, saluant la reprise par conséquent de «la totalité de la Ghouta orientale» par le régime.

Ce dernier n'a pas annoncé publiquement pour l'instant la reprise de Douma, la dernière ville de l'enclave rebelle dans la Ghouta orientale qui échappait encore à son contrôle.

Mais les rebelles, soumis pendant des semaines à un déluge de feu du régime, ne semblent plus en mesure de combattre. Le groupe Jaich al-Islam, présent à Douma, a finalement accepté un accord parrainé par Moscou, semblable à ceux qui avaient permis à d'autres groupes insurgés d'évacuer la région.

«Les combattants de Jaich al-Islam ont remis leurs armes lourdes à la police militaire russe à Douma mercredi», selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«La plupart des hauts gradés de Jaich al-Islam, y compris leur chef Issam Bouwaydani, ont quitté Douma et sont arrivés dans le nord syrien», dans des zones sous contrôle rebelle, a ajouté l'ONG.

Mort, destruction, évacuation

Selon des habitants de Douma, le drapeau syrien a été hissé mercredi sur la principale mosquée, mais une dispute a éclaté, des balles ont été tirées et le drapeau a été retiré. Des membres de la police militaire russe, qui ont commencé à se déployer dans la ville, sont également partis après l'incident.

Il n'était pas clair si ce drapeau était le même mentionné par l'armée russe.

Le régime a fait en début d'année une priorité de la reconquête des zones rebelles, assiégées depuis 2013 dans la Ghouta orientale, d'où les insurgés tiraient des obus sur Damas.

Le 18 février, il lance une offensive aérienne, puis terrestre, d'une intensité inédite sur les régions de l'enclave rebelle provoquant la mort de plus de 1700 personnes, selon l'OSDH, et des destructions colossales.

L'ONU avait en 2017 condamné la «privation de nourriture délibérée de civils» comme une tactique de guerre, après la publication de photos «choquantes» d'enfants squelettiques dans la Ghouta orientale.

Face à l'offensive destructrice du régime qui a principalement eu recours à l'aviation, deux groupes rebelles ont accepté d'évacuer leurs régions avec leurs familles, avant celui de Jaich al-Islam, pour se rendre dans des zones sous contrôle rebelle dans le Nord.

Selon les militaires russes, plus de 160 000 personnes ont été évacuées de la Ghouta orientale.

«Important pour l'histoire»

«Aujourd'hui (jeudi) un événement important pour l'histoire de la Syrie a eu lieu: le drapeau du gouvernement syrien a été hissé sur un bâtiment de Douma, ce qui marque la prise de contrôle de cette localité et par conséquent de la Ghouta orientale dans sa totalité», a déclaré le général russe Iouri Evtouchenko, cité par les agences à Moscou.

La télévision russe a montré des images de foule agitant dans la rue de vastes drapeaux rouge blanc noir aux deux étoiles vertes et l'un de ces drapeaux accrochés sur la façade d'un immeuble délabré.

Selon l'armée, la police militaire russe a commencé à être déployée à Douma. «Elle constitue un garant du respect de l'ordre dans la ville».

Depuis le début de l'intervention russe fin septembre 2015, le régime, alors en mauvaise posture, a réussi à enchaîner les victoires face aux rebelles et jihadistes, reprenant plus de la moitié du territoire du pays ravager par une guerre qui a fait plus de 350 000 morts depuis mars 2011.

«Enregistrer une victoire dans la Ghouta est important», a déclaré Bouthaina Chaabane, conseillère de M. Assad, à la télévision Al-Mayadeen basée à Beyrouth. «Cela envoie un message au monde entier que l'armée syrienne et ses alliés peuvent libérer chaque parcelle du territoire syrien».