Des aides alimentaires ont été distribuées vendredi aux habitants assiégés dans la partie rebelle de la Ghouta orientale, malgré les bombardements du régime qui mène depuis près de trois semaines une offensive dévastatrice pour reprendre totalement cette région.

Depuis le 18 février, près de 950 civils ont péri sous les bombes des forces prorégime contre ce dernier bastion rebelle aux portes de Damas, fief du pouvoir du président Bachar al-Assad.

Alors que le conflit en Syrie entre le 15 mars dans sa huitième année, le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a évoqué « une tragédie humaine aux dimensions colossales » dans ce pays, où plus de 340 000 personnes ont péri et des millions d'autres ont été jetées à la rue en sept ans.

Après une nuit exceptionnellement calme dans l'enclave rebelle dans la Ghouta, un convoi de 13 camions transportant de la nourriture y est entré et a livré des aides qui n'avaient pu être déchargées lundi, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Cette aide a été distribuée à Douma en dépit des bombardements sur cette principale ville de l'enclave et du survol d'hélicoptères du régime, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Ali al-Zaatari, avait dit craindre pour la sécurité du convoi en raison du pilonnage survenu en dépit « des assurances fournies par les parties dont la Russie », alliée du régime Assad.

Les raids ont également visé la localité de Jisrine tuant six personnes et alourdissant le bilan depuis le 18 février à 948 morts parmi les civils, dont 195 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Il y a eu plus de 4320 blessés.

Dans le même temps, de violents combats ont lieu dans les champs séparant les villes de Douma et Harasta, où le régime continue de progresser, selon l'OSDH.

Face à une situation catastrophique dans le fief rebelle, des négociations ponctuelles et à un niveau local sont en cours pour permettre une sortie de civils ou de combattants de certaines localités.

À bout de force 

C'est la deuxième fois depuis le début de l'offensive que des camions transportant de l'aide parviennent à pénétrer dans l'enclave, où sont assiégés depuis 2013 quelque 400 000 habitants qui manquent de tout.

L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a réclamé l'entrée sans entraves de matériel médical, dénonçant une « terrible catastrophe médicale » dans le fief rebelle. « Le matériel médical est extrêmement limité, les infrastructures médicales ont été frappées et le personnel médical est à bout de force ».

Le régime Assad, qui a repris plus de la moitié de l'enclave rebelle, a affirmé sa détermination à la reconquérir totalement coûte que coûte.

Grâce à l'aide militaire de la Russie à partir de 2015, les forces prorégime ont enchaîné les victoires contre les rebelles et les djihadistes, parvenant à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire syrien.

Des soldats russes sont d'ailleurs sur place dans la Ghouta orientale, contrôlée à deux tiers par le régime et à un tiers par les rebelles avant le début de l'offensive.

Il y a 11 jours Moscou a annoncé une « pause humanitaire » quotidienne de cinq heures pour permettre la sortie des civils et l'entrée de l'aide. Et les médias syriens ont annoncé l'ouverture de deux nouveaux passages mais aucun civil n'est sorti.

Négociations

Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, des négociations sont en cours pour permettre la sortie des civils ou des combattants de certaines localités de l'enclave.

L'agence de presse officielle syrienne Sana a fait état « d'informations sur une sortie prévue plus tard dans la journée de dizaines de civils » via le passage d'al-Wafidine, à l'entrée de l'enclave.

Selon une correspondante de l'AFP sur place, des camions vert et blanc et des ambulances attendent la sortie éventuelle de civils au passage d'al-Wafidine où résonnaient des chants patriotiques diffusés par des haut-parleurs.

À proximité, on entendait des bombardements et les survols d'avions de reconnaissance alors que des colonnes de fumée s'élevaient du secteur.

« Assez de destructions et de morts ! Nous voulons sauver nos enfants et tous ceux qui ne sont pas morts », lance Abou Ryad, un habitant de 47 ans à Hammouriyé.

Des habitants ont exprimé leur souhait de sortir, a dit Nasser al-Maamari, notable d'une tribu s'exprimant au nom du régime au passage d'Al-Wafidine. Des discussions sont aussi en cours afin que des combattants remettent leurs armes, selon lui.

Sur un autre front de la guerre, le président turc Recep Tayyip Erdogan dont l'armée mène une offensive pour déloger une force kurde syrienne de la région frontalière syrienne d'Afrine, a affirmé que ses forces pouvaient entrer « à tout moment » dans le centre de la ville du même nom.

Déclenché par la répression par le régime de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication d'acteurs régionaux et internationaux et de groupes djihadistes.