Plus de 130 membres de familles de jihadistes du groupe État islamique (EI) ont été tués ces dernières 24 heures en Syrie par l'aviation de la coalition internationale et celles du régime ou russe.

Ces frappes particulièrement meurtrières interviennent quelques jours après l'attentat de Manchester qui a fait lundi 22 morts et a été revendiqué par le groupe ultraradical.

Elles surviennent en outre au moment où l'EI vient de subir une défaite militaire avec son éviction d'un large territoire dans le désert syrien, l'isolant encore un peu plus dans ses dernières places fortes du nord et de l'est du pays.

L'administration américaine avait annoncé le 19 mai une «campagne d'annihilation» contre l'EI en Irak et Syrie, où la coalition internationale conduite par Washington mène des opérations antijihadistes depuis l'été 2014.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), citant des sources médicales et civiles, plus d'une centaine de membres de familles de jihadistes de l'EI ont été tués entre jeudi et vendredi dans des raids aériens de la coalition sur la ville de Mayadine.

Dans cette ville proche de la frontière avec l'Irak, au moins 80 civils, tous membres de familles de jihadistes, ont péri vendredi. Trente-trois enfants figurent parmi les victimes.

«Ces familles étaient réfugiées dans le bâtiment de la municipalité à Mayadine», ville contrôlée depuis 2014 par l'EI, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, qui dispose d'un large réseau de sources dans le pays en guerre.

«Il s'agit du bilan le plus lourd d'un bombardement ayant touché des familles de jihadistes en Syrie», selon lui.

Le Pentagone a affirmé vendredi que la coalition avait mené des frappes «près de Mayadine» et qu'elle examinait leurs résultats.

Washington dément viser volontairement des civils, affirme prendre les précautions nécessaires pour éviter des pertes au sein de la population et dénonce l'utilisation de civils comme boucliers humains par l'EI.

«Trente-trois enfants»

Le raid de vendredi intervient quelques heures après la mort de 37 civils, en majorité des membres de familles de jihadistes, également à Mayadine dans un bombardement de la coalition, selon l'OSDH.

Mayadine a accueilli ces derniers mois de nombreux déplacés en provenance d'Irak et de Raqa, capitale de facto de l'EI en Syrie. Mossoul, dernier grand bastion de l'EI en Irak, et Raqa sont visées par des offensives de forces locales appuyées par la coalition internationale.

Dans le centre du pays, ce sont les appareils russes ou du régime qui ont tué également des parents de jihadistes.

«Seize civils, appartenant à des familles de jihadistes de l'EI ont été tués vendredi dans des raids du régime ou russe sur la village d'Ouqayribat, sur la route reliant la province de Hama à Palmyre que les jihadistes utilisent pour se déplacer» entre les provinces de Hama et Homs, a précisé l'Observatoire.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad Al Hussein a exhorté vendredi «les forces aériennes de tous les Etats» intervenant en Syrie à mieux distinguer «les civils des cibles militaires», soulignant que les jihadistes sont mêlés à la population et empêchent les civils de fuir.

D'après l'OSDH, la coalition internationale a mené entre le 23 avril et le 23 mai ses raids aériens les plus meurtriers pour les civils sur une période d'un mois en Syrie.

Damas et Palmyre reliées

Le 20 mai, le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a affirmé que l'administration Trump avait ordonné une «campagne d'annihilation» des jihadistes en Irak et Syrie, pour limiter au maximum le nombre de combattants étrangers rentrant au pays.

Cela signifie notamment que les forces de la coalition «encerclent» désormais les positions de l'EI avant de les attaquer, pour que les jihadistes ne puissent pas fuir et se regrouper ailleurs.

Le commandement de la coalition avait annoncé début mai que ses frappes avaient fait 352 victimes civiles en Irak et en Syrie, tuées «involontairement», depuis 2014.

Sur un autre front, l'armée syrienne est parvenue à reprendre pour la première fois depuis 2014 l'autoroute reliant Damas à la cité antique de Palmyre, après avoir chassé l'EI d'un large territoire désertique grâce au soutien de son allié russe.

«Les jihadistes se sont retirés face à l'intensité des frappes russes», a indiqué M. Abdel Rahmane.

Déclenchée il y a six ans, la guerre en Syrie, devenue complexe avec ses multiples acteurs et alliances, a fait plus de 320 000 morts et des millions de déplacés.