Les premières analyses effectuées sur les victimes d'une attaque présumée chimique en Syrie suggèrent qu'elles ont été exposées à du sarin, un puissant agent neurotoxique, a déclaré le ministère turc de la Santé.

«Les résultats des premières analyses effectuées à partir des éléments prélevés sur les patients laissent penser qu'ils ont été exposés à un agent chimique (Sarin)», a indiqué le ministère dans un communiqué publié sur son site.

Au moins 86 personnes, dont 30 enfants, ont été tuées lors d'un raid mené mardi sur Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle d'Idleb (nord-ouest de la Syrie).

D'après les chiffres communiqués par le ministère, 31 personnes blessées lors de cette attaque sont hospitalisées en Turquie, pour la plupart à Hatay, province frontalière de la Syrie. Trois patients qui étaient traités en Turquie sont morts, a ajouté le ministère.

Les corps de ces derniers ont été autopsiés dans la nuit de mercredi à jeudi à Adana (sud de la Turquie) en présence de représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), a indiqué le ministère de la Santé.

Le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag avait affirmé jeudi matin que l'autopsie des trois corps avait permis d'«établir» un recours à des armes chimiques utilisées, selon lui, par le régime de Bachar al-Assad.

Le ministère de la Santé se montre toutefois moins affirmatif, indiquant que les lésions constatées, parmi lesquelles des oedèmes et des saignements dans les poumons, «font penser que ces blessures sont liées à l'utilisation d'une arme chimique».

Les tissus et les fluides recueillis lors de l'autopsie ont été envoyés à Ankara pour des examens approfondis, a indiqué le ministère.

Des échantillons ont également été transmis à l'OIAC qui les examinera à La Haye, a en outre affirmé le ministère dans son communiqué.

Les examens ont duré près de trois heures et ont été enregistrés par des caméras, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

La Turquie et d'autres pays, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont désigné le régime du président Assad comme le responsable de cette attaque.

Mercredi, le chef de l'État turc avait déjà accusé «Assad l'assassin» d'être responsable de cette attaque qui a suscité l'indignation dans de nombreux pays.

Mais Moscou, qui soutient Damas, a jugé «inacceptable» des «accusations non fondées» tant qu'une enquête n'a pas eu lieu. Selon Moscou, l'aviation syrienne a bombardé un «entrepôt» des rebelles contenant des «substances toxiques». En explosant, ces dernières se seraient disséminées dans l'atmosphère.

La nature des substances chimiques n'a pas été formellement identifiée par les experts, mais, avant la Turquie, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) avait déjà évoqué «un agent neurotoxique de type gaz sarin» sur la base de constatations de son équipe dans un hôpital où sont soignés des blessés.

Les médecins qui ont fourni les premiers soins après l'attaque à Khan Cheikhoun ont relevé tous les symptômes d'un nuage chimique: pupilles dilatées, convulsions, mousse sortant de la bouche.

L'OMS avait précisé avant les autopsies que certaines victimes présentaient des symptômes évoquant une exposition à une catégorie de produits chimiques «comprenant des agents neurotoxiques».