La Turquie a annoncé mercredi la fin de son opération militaire dans le nord de la Syrie, sans préciser si elle allait en retirer ses troupes.

«L'opération Bouclier de l'Euphrate, visant à défendre les frontières de notre pays et à contrer la menace du groupe terroriste Daech (autre nom du groupe État islamique NDLR) (...) s'est achevée avec succès», a déclaré dans un communiqué le conseil de sécurité national dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan.

Le premier ministre Binali Yildirim, tout en confirmant la fin de l'opération «Bouclier de l'Euphrate», n'a pas exclu d'autres campagnes en Syrie.

«À partir de maintenant, s'il y a une quelconque menace sur notre sécurité, qu'elle vienne de Daech ou de tout autre (groupe) et si nous lançons une autre opération, ce sera une nouvelle opération», a-t-il déclaré à l'antenne de la télévision NTV.

La Turquie a lancé en août dernier «Bouclier de l'Euphrate» contre le groupe djihadiste État islamique (EI) mais également les FDS, dominées par les Kurdes, qu'Ankara considère comme des «terroristes».

Dans le cadre de cette opération, les rebelles syriens appuyés par la Turquie ont repris aux djihadistes plusieurs villes dont Jarabulus, Al-Rai, Dabiq et enfin Al-Bab, où l'armée turque a subi de lourdes pertes.

Cette ville d'importance stratégique, 25 kilomètres au sud de la frontière turque, était la dernière place forte des djihadistes dans la province d'Alep, dans le nord de la Syrie, et a été entièrement reprise en février.

M. Erdogan a déclaré que la Turquie voulait travailler avec ses alliés, mais sans les milices kurdes, à la reconquête de Raqa, la capitale de facto du groupe État islamique en Syrie.

L'annonce de la fin de l'opération de six mois en Syrie intervient à la veille de la visite du secrétaire d'État américain Rex Tillerson, qui va rencontrer son homologue turc et le président Erdogan à Ankara.

Les États-Unis et la Turquie, alliés au sein de l'OTAN, sont en désaccord au sujet de la principale milice kurde en Syrie, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), soutenues par Washington pour lutter contre les djihadistes de l'EI mais qu'Ankara considère comme un groupe «terroriste» lié aux séparatistes kurdes qui combattent en Turquie depuis 1984.

«Coopérer avec une organisation terroriste ne grandit pas les États-Unis», a déclaré mercredi le premier ministre turc, jugeant cette coopération «immorale».

Les milices kurdes sont considérées par Ankara comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation classée «terroriste» par la Turquie et ses alliés occidentaux.

La Turquie s'est rapprochée ces derniers mois de la Russie, qui soutient militairement le régime du président syrien Bachar al-Assad, pour tenter de mettre fin à six ans de guerre meurtrière.

Mais Ankara a manifesté une inquiétude croissante face au rapprochement apparent de Moscou avec les YPG.