L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie a demandé samedi aux pays soutenant les belligérants de faire respecter le cessez-le-feu, face à l'escalade récente des combats sur le terrain qui risque de faire capoter les négociations de Genève.

«Les violations croissantes de ces derniers jours sont en train de miner le cessez-le-feu (...) avec des conséquences négatives importantes sur la sécurité des civils, sur l'accès humanitaire et sur le bon déroulement du processus politique», a dit Staffan de Mistura dans un communiqué distribué aux médias.

Le médiateur de l'ONU a adressé des lettres aux ministres des Affaires étrangères d'Iran, de Russie et de Turquie -- les trois États garants du cessez-le-feu entré en vigueur le 30 décembre 2016 -- pour leur demander «d'intervenir urgemment» pour faire cesser les combats.

Moscou et Téhéran soutiennent politiquement et militairement le régime du président syrien Bachar al-Assad, alors que la Turquie est proche de l'opposition.

Les combats ont repris la semaine dernière dans l'est de Damas et dans le centre du pays, juste avant le 5e round des négociations de paix organisées à Genève par M. De Mistura.

Des groupes rebelles islamistes ont lancé une offensive surprise dans un secteur proche de la capitale, mais l'armée syrienne affirme avoir regagné le terrain perdu.

Samedi, au moins 16 civils ont été tués et des dizaines de personnes blessées dans une frappe aérienne menée dans ce secteur, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), sans pouvoir dans l'immédiat dire qui est responsable de ce bombardement.

«Machine à tuer»

Mais lors d'une conférence de presse au Palais des Nations, siège de l'ONU, le chef de la délégation de l'opposition a accusé «la machine à tuer» du gouvernement Assad d'être responsable de cette attaque.

Nasr al-Hariri dirige la délégation du Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble des groupes clés de l'opposition, dont des groupes armés impliqués dans l'offensive à l'est de Damas.

«Ces offensives sont de l'autodéfense face aux attaques du régime», a-t-il martelé en brandissant des photos de morts et de blessés qu'il a présentés comme des victimes du bombardement de samedi.

La délégation du HCN a eu dans l'après-midi une session de travail avec le médiateur de l'ONU consacrée, comme la veille, à la transition politique, ce qui signifie pour l'opposition le départ du président Assad.

«Nous sommes satisfaits jusqu'ici. L'envoyé spécial (de l'ONU) répond positivement à cette approche», a dit M. Hariri.

Dans la matinée, M. De Mistura avait rencontré la délégation de Damas, dirigée par l'ambassadeur de la Syrie à l'ONU, Bachar al-Jaafari. Mais ce dernier ne s'est pas adressé aux journalistes à l'issue de la rencontre.

Quatre volets de discussion sont à l'agenda de ce 5e round: la gouvernance (terme flou pour évoquer une transition politique), une nouvelle Constitution, la tenue d'élections et la lutte contre le terrorisme.

M. Jaafari a souhaité discuter en priorité de ce dernier volet, qui vise pour le régime tous les groupes rebelles.

Quatre séries de pourparlers ont déjà été organisées depuis 2016 à Genève, sans parvenir à mettre un terme à ce conflit qui a déjà fait plus de 320 000 morts depuis six ans.