Des dizaines de milliers de civils, avec leurs maigres bagages, fuient les violents combats accompagnant l'avancée de l'armée syrienne soutenue par l'allié russe face aux djihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans la province d'Alep.

Dans cette même région du nord de la Syrie, l'armée turque et des rebelles syriens alliés cherchent de leur côté à avancer face à une alliance de combattants kurdes et arabes.

Depuis une semaine, «plus de 30 000 civils, en majorité des femmes et des enfants, ont fui l'avancée de l'armée» dans l'est de la province d'Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

En voiture, en moto, dans des fourgonnettes ou des pick-up, avec à la main quelques affaires, de nombreux civils, en majorité des femmes et des enfants, se dirigeaient samedi vers Minbej, aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance de combattants kurdes et arabes), selon un journaliste de l'AFP.

Le visage fatigué, ils attendaient dans de longues files l'autorisation du Conseil militaire de Minbej pour pouvoir entrer dans la ville, les FDS procédant aux vérifications nécessaires pour s'assurer qu'aucun djihadiste ne se trouvait parmi ces civils.

«Le nombre de déplacés a atteint plus de 40 000 et ne cesse de croître à cause des combats entre le régime et Daech», un acronyme en arabe de l'EI, a affirmé à l'AFP Ibrahim al-Qouftane, coprésident de l'administration civile de Minbej.

«Leur situation est très difficile», a-t-il ajouté.

Combats très violents

Les djihadistes de l'EI occupent une grande partie du sud-est de la province d'Alep.

En janvier, les troupes du régime de Bachar al-Assad soutenues par les aviations syrienne et russe ont lancé une offensive pour chasser ces djihadistes de la province.

Elles ont depuis repris 90 localités et villages et ont fait la jonction avec les FDS, au sud de Minbej, située dans l'est de la province d'Alep.

L'offensive se poursuivait samedi et les combats sont d'une très grande violence, a indiqué l'OSDH, sans fournir de bilan.

L'objectif de l'armée est d'atteindre la localité d'al-Khafsa, à une vingtaine de km au sud de Minbej, où se trouve une station de pompage d'eau alimentant la capitale provinciale d'Alep, mise hors service par l'EI depuis un mois et demi.

Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, la situation risque de se détériorer à Minbej. «La ville accueille déjà des dizaines de milliers de déplacés, qui ont fui les affrontements précédents dans la région, et qui vivent dans des conditions précaires».

«Cela va être difficile (pour les autorités locales) d'accueillir cette nouvelle vague de déplacés en raison de leurs difficultés à subvenir aux besoins de la population», a-t-il ajouté.

Déminage à Palmyre

À l'ouest de Minbej, d'autres protagonistes se font la guerre depuis mercredi: des rebelles syriens aidés de soldats turcs livrent des combats aux FDS sans qu'aucun des belligérants ne fasse de réels progrès, selon l'OSDH.

Les soldats turcs et leurs alliés voudraient s'emparer de Minbej, un point central pour affaiblir les forces kurdes, avant de faire mouvement vers Raqa, principal fief de l'EI en Syrie, afin de participer à la bataille et s'assurer ainsi une large zone sous son autorité dans le nord syrien.

La Turquie veut empêcher notamment la création d'une bande frontalière tenue par des combattants kurdes qu'elle considère comme des «terroristes».

Sur un autre front, dans la ville antique de Palmyre (centre), reprise jeudi par l'armée après en avoir chassé une nouvelle fois l'EI, des sapeurs syriens, entraînés par des spécialistes russes, procédaient au déminage du terrain. Des explosions étaient entendues par intermittence.

Les combats pour la reprise de cette ville ont fait 115 morts dans le camp des loyalistes et 283 côté djihadiste depuis la mi-janvier, selon l'Observatoire.

Les aviations syrienne et russe menaient samedi des raids au nord et à l'est de Palmyre contre les positions djihadistes, a indiqué l'OSDH.

Onze civils ont ainsi été tués et 45 blessés dans des raids sur un marché au bétail dans le village d'Ouqayribat, tenu par l'EI dans le sud de la province voisine de Hama, a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. «Il s'agit probablement de raids de l'armée russe», a-t-il ajouté.