Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont réclamé vendredi à l'ONU des sanctions contre les auteurs d'attaques à l'arme chimique en Syrie, qui faisaient l'objet d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité.

L'ambassadrice américaine Nikki Haley a dit espérer qu'un projet de résolution sur ces sanctions, discuté depuis des mois, puisse enfin être soumis au vote par le Conseil.

«Nous avons travaillé avec le Royaume-Uni et la France pour que cette résolution soit examinée et nous allons voir quels pays excusent l'utilisation d'armes chimiques, et lesquels estiment que c'est un problème», a déclaré Mme Haley avant la réunion.

La Russie, allié clé du régime syrien de Bachar al-Assad, montré du doigt pour avoir utilisé des armes chimiques, a annoncé qu'elle mettrait son veto au texte s'il est soumis au vote.

Ce serait la septième fois que Moscou appose son veto pour protéger la Syrie.

« Je viens d'expliquer notre position très clairement à nos partenaires. Si le texte est soumis au vote nous mettrons notre veto », a dit l'ambassadeur adjoint de Russie Vladimir Safronkov après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité sur le sujet.

La Russie est un allié clé du régime syrien de Bachar al-Assad.

M. Safronkov a souligné que la mesure était « à sens unique », que les preuves étaient « insuffisantes » et que le texte était contraire « au principe fondamental de la présomption d'innocence jusqu'à ce que l'enquête soit achevée ».

L'ambassadeur adjoint britannique Peter Wilson a affirmé que le texte serait soumis au vote «dans les jours à venir».

Ce projet fait suite à une enquête conjointe menée par les Nations unies et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a conclu en octobre que le régime syrien avait mené au moins trois attaques avec des armes chimiques en 2014 et 2015 contre trois villes, Tell Mannas, Qmenas et Sarmin.

Les enquêteurs avaient déterminé que les djihadistes du groupe État islamique avaient eux aussi utilisé du gaz moutarde en 2015.

«Nous avons à présent des preuves claires que des armes chimiques ont été utilisées en Syrie contre des populations civiles, et des indications convergentes que de telles armes continuent à être employées dans ce pays», a souligné l'ambassadeur français François Delattre.

Celui-ci aimerait des actions rapides pour punir les coupables: «sur l'échelle des menaces à la paix et à la sécurité, nous sommes à 10» (sur 10), a-t-il noté.

Le projet de résolution, consulté par l'AFP, imposerait une interdiction de voyager et gèlerait les avoirs de 11 Syriens, principalement des responsables militaires. Parmi eux figurent le chef du renseignement de l'armée de l'Air syrienne et le commandant des opérations aériennes dans les zones où ces attaques se sont produites.

Le texte interdirait aussi la vente, la fourniture ou le transfert à l'armée et au gouvernement syrien d'hélicoptères et d'autres matériels.

La Syrie nie avoir utilisé des armes chimiques et la Russie a rejeté les conclusions de la mission d'enquête, ne les jugeant pas suffisamment probantes.

PHOTO Seth Wenig, ARCHIVES AP

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley