Les alliés de Washington, dans l'expectative sur le cap de la diplomatie américaine, se sont dits rassurés vendredi sur le dossier syrien, le secrétaire d'État Rex Tillerson soutenant selon eux des négociations de paix dans le cadre de l'ONU.

Pour la première fois depuis l'entrée en fonction de l'administration Trump, les pays occidentaux et arabes soutenant l'opposition syrienne se sont réunis vendredi à Bonn en marge d'un G20.

Une rencontre qui intervient quelques jours avant la reprise jeudi prochain à Genève de pourparlers de paix entre le régime de Damas et l'opposition.

À l'issue de la rencontre, Berlin et Paris ont manifesté leur soulagement : « il est apparu clairement que nous voulons dans tous les cas une solution politique dans le cadre de l'ONU », a déclaré le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel, hôte de la réunion du G20.

« C'est important et nécessaire qu'il y ait un dialogue étroit avec les États-Unis sur cette question syrienne [...] nous avons vérifié ce matin que nous étions tous bien d'accord », a abondé le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.

Les pourparlers de Genève sur un règlement politique au conflit qui ravage la Syrie depuis six ans ont commencé en 2016. 

Mais trois sessions de négociations n'ont jamais permis d'avancer en raison du fossé immense entre les belligérants sur les contours de la transition politique dans le pays et le sort du président Bachar al Assad.

Ce dernier a réitéré dans un entretien jeudi à des médias français qu'il considérait tous les groupes armés de l'opposition comme « terroristes ». 

« Nous demandons au parrain russe du régime de faire pression sur lui pour qu'il cesse de considérer toute l'opposition comme terroriste, car sinon à Genève il n'y aura pas de discussion », a souligné M. Ayrault.

Selon une source occidentale, M. Tillerson a été très clair sur la nécessité d'envoyer des messages aux Russes : « il nous a expliqué qu'il n'y aurait pas de coopération militaire avec les Russes tant qu'ils ne se distancieraient pas de la position de Damas au sujet de l'opposition ».

Côté européen, la pression sur Moscou s'effectuera avec le levier de la reconstruction, a précisé M. Ayrault. « Nous avons dit qu'il n'était pas question de financer la reconstruction avec le régime tel qu'il est », a-t-il prévenu.

Signaux rassurants 

Outre la Syrie, M. Tillerson avait tenu la veille des propos fermes sur la Russie, notamment sur le maintien des sanctions tant que les accords de paix ne seraient pas mis en oeuvre en Ukraine. Des déclarations qui ont rassuré ses partenaires alors que la Maison-Blanche à Washington est plongée dans la cacophonie.

La journée de vendredi a également été l'occasion pour M. Tillerson de rencontrer pour la première fois son homologue chinois Wang Yi, dans un contexte tendu entre les deux pays.

La rencontre devait être centrée sur les sujets récents de crispation entre Washington et Pékin comme Taïwan, les îles contestées en mer de Chine méridionale ou encore le commerce.

La présence du ministre chinois au G20, et plus encore le principe d'une rencontre avec son homologue américain, avaient été mis en doute à la suite du différend entre Pékin et Washington autour de Taïwan depuis l'élection de Donald Trump.

Le président américain s'est dit prêt dans un premier temps à remettre en cause le principe de la « Chine unique », avant de faire machine arrière.

Rex Tillerson a aussi provoqué l'ire de Pékin en agitant la menace d'un blocus pour empêcher l'accès du pays à des îles contestées en mer de Chine méridionale. Ce qui pourrait, a dénoncé la presse chinoise, provoquer un « affrontement militaire ».

Enfin, sur le plan commercial, la Chine est devenue la cible privilégiée de l'administration Trump. 

Au terme du G20 vendredi après-midi, l'attention se portera sur Munich, où se tient jusqu'à dimanche la Conférence sur la Sécurité, grand rendez-vous annuel du gotha mondial de la défense.

Cette fois-ci, tous les yeux seront fixés sur le vice-président américain Mike Pence, qui doit notamment rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel samedi.