Le régime syrien a envoyé mardi des renforts militaires à Deir Ezzor (est) pour tenter de desserrer l'étau du groupe État islamique (EI) alors que des raids aériens ont tué dix civils dans un quartier de cette ville tenu par les djihadistes.

À cause du danger, le Programme alimentaire mondial (PAM) a par ailleurs suspendu ses largages de vivres sur le secteur de la ville encore sous contrôle du régime, assiégé depuis deux ans par l'EI et contre lequel le groupe djihadiste a lancé samedi une importante offensive.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'armée a dépêché des renforts vers l'aéroport militaire de Deir Ezzor, aux mains du régime et totalement encerclé par les djihadistes.

L'armée a également demandé aux habitants de se rendre sur la ligne de front, même ceux qui n'ont pas suivi un entraînement militaire.

D'après l'OSDH, dix civils ont péri dans un bombardement sur un quartier de Deir-Ezzor tenu par l'EI, portant le nombre de civils tués dans cette ville depuis le début samedi de l'offensive de l'EI à au moins 37.

Pour sa part, Bettina Luescher, porte-parole du PAM, a indiqué aux journalistes à Genève que depuis dimanche, les livraisons de vivres aux habitants de Deir Ezzor par voie aérienne avaient cessé.

«Nous avons suspendu nos opérations aériennes sur Deir Ezzor pour des raisons de sécurité opérationnelles. Il y a des combats dans et autour de la zone où sont larguées les marchandises (...) c'est simplement trop dangereux», a-t-elle expliqué.

Elle a précisé que depuis avril 2016, le PAM avait effectué 177 largages aériens dans le secteur contrôlé par le régime, situé dans l'ouest de la ville et où vivent encore 100 000 personnes selon l'ONU.

Ces habitants ne sont plus ravitaillés que par voie aérienne, d'où l'importance de l'aéroport et l'offensive de l'EI pour s'en emparer.

Les djihadistes ont réussi lundi à isoler l'aéroport militaire du reste des quartiers gouvernementaux de la ville, selon la télévision d'État syrienne.

Le secteur gouvernemental de la ville Deir Ezzor est le seul à leur échapper dans toute la province du même nom, proche de l'Irak et riche en gaz et en pétrole.

Selon le géographe français Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, le réduit gouvernemental à Deir Ezzor était de 200 km2 entre la ville, la zone désertique et l'aéroport, mais l'EI a conquis un tiers de ce territoire.

Selon l'OSDH, l'EI a utilisé des «vagues» de bombes humaines dans ce qui est «la plus violente attaque» contre la ville depuis plus d'un an.