Près de 50 personnes en majorité des civils ont péri dimanche dans des raids aériens probablement russes sur Idleb, une province voisine de celle d'Alep où se joue une bataille cruciale dans le confit en Syrie, selon une ONG.

La Russie, un des plus fidèles alliés du régime de Bachar al-Assad, a commencé en septembre 2015 à mener des frappes en Syrie contre les rebelles et les jihadistes, permettant aux forces gouvernementales de gagner du terrain face à leurs adversaires.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 46 personnes ont été tuées dans des raids probablement menés par l'aviation russe sur plusieurs secteurs de la province d'Idleb (nord-ouest) contrôlée en très grande partie par les rebelles.

Vingt-six civils dont trois enfants ont été tués dans le village de Kafr Nabal. «Six raids ont visé des maisons et un marché bondé», a indiqué un témoin, Hossam Hosber.

À Maaret al-Noomane, où 18 civils ont péri, un photographe de l'AFP a vu des habitants et des secouristes tenter de retrouver des survivants dans les décombres d'un marché de légumes touché par les raids.

Six civils, dont quatre enfants, sont par ailleurs morts dans des raids aux barils d'explosifs menés par le régime sur un secteur du sud de la province d'Idleb contrôlée par l'Armée de la conquête, une coalition de rebelles islamistes et de jihadistes de Fateh al-Cham.

En novembre, le ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou a annoncé une opération militaire «majeure» russe contre notamment la province d'Idleb. Mais Moscou a maintes fois démenti la mort de civils dans ses raids affirmant viser seulement des combattants.

Le régime et son allié russe cherchent à accroître la pression sur les rebelles, actuellement en mauvaise posture, surtout dans la cité d'Alep, ancien poumon économique de la Syrie aujourd'hui presque en ruines.

Nouveaux quartiers repris

À Alep, les troupes progouvernementales, au 20e jour de leur offensive de grande ampleur, se rapprochent de leur objectif de reconquérir la totalité de cette deuxième ville du pays, divisée depuis 2012 en quartiers rebelles à l'est et quartiers prorégime à l'ouest.

Elles ont déjà repris plus de 60 % des secteurs tenus par les rebelles qui tentent de résister malgré leurs moyens limités, selon l'OSDH.

Depuis le 15 novembre et le début de leur offensive dévastatrice, les prorégime font pleuvoir les bombes, les obus et les barils d'explosifs sur ces quartiers tout en avançant au sol avec l'appui de combattants étrangers notamment irakiens et du Hezbollah libanais.

Après avoir repris aux rebelles les quartiers nord d'Alep-Est, l'armée et ses alliés tentent désormais de s'emparer des quartiers sud, notamment ceux de Chaar et Cheikh Saïd où elles livrent combat aux insurgés.

Ils se sont emparés dimanche des quartiers de Karam al-Myessar, Karam al-Tahhan et de parties du quartier de Qadi Askar, selon la télévision d'État.

Les hélicoptères de l'armée ont en outre largué des milliers de tracts sur Alep-Est appelant «les combattants à abandonner leurs armes (...)», a précisé l'agence officielle Sana.

Le pouvoir de Bachar al-Assad fait fi des protestations de nombreux pays occidentaux qui dénoncent des crimes de guerre ainsi que de l'ONU qui l'exhorte à autoriser l'entrée de convois humanitaires dans Alep-Est.

L'opposition appelle à l'aide

Impuissante aussi à peser sur la situation, l'opposition politique en exil a de nouveau demandé «au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d'assumer leurs responsabilités et d'agir immédiatement pour faire cesser les bombardements et les massacres et assurer la distribution de l'aide sans condition».

La Russie, qui ne participe pas actuellement aux bombardements d'Alep, mais assure un soutien tactique, a annoncé l'envoi de l'aide humanitaire aux habitants de la ville. «Plus de 30 camions sont arrivés avec des habits chauds, des couvertures et de la nourriture», selon un commandant russe sur place.

En 20 jours, au moins 311 civils, dont 42 enfants, ont été tués dans les quartiers rebelles d'Alep et environ 50 000 de leurs 250 000 habitants ont fui leurs foyers, selon l'OSDH.

Près de 70 personnes ont par ailleurs été tuées dans les quartiers gouvernementaux par des tirs rebelles.

La reprise de l'ensemble des quartiers rebelles, assiégés depuis plus de quatre mois et manquant de tout, assurerait au régime sa plus importante victoire depuis le début d'une guerre qui a fait plus de 300 000 morts et jeté sur les routes plus de la moitié de la population.

La guerre en Syrie a débuté en mars 2011 après la répression dans le sang de manifestations pacifiques prodémocratie. Elle s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication des grandes puissances et de groupes djihadistes.