Les affrontements ont repris dimanche à Alep entre les forces du régime syrien et les rebelles après l'expiration d'une trêve «humanitaire» de trois jours décrétée par la Russie, qui n'a pas permis d'évacuer des blessés des quartiers assiégés.

Les deux parties rivales dans la grande ville du nord de la Syrie ont été touchées par la reprise des combats.

De nouvelles frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé dimanche plusieurs quartiers rebelles, faisant des blessés selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Des tirs d'obus ont également visé deux quartiers tenus par le régime, selon la même source.

«Le régime et les rebelles ont chacun renforcé leurs effectifs militaires, ce qui nous fait craindre, en cas d'un échec du cessez-le-feu, une vaste opération militaire», avait auparavant mis en garde le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane.

L'ancienne capitale économique est divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest tenus par le régime et des zones est contrôlées par ses opposants. Depuis début juillet, l'armée syrienne encercle les quartiers rebelles, privés d'aide humanitaire et menacés de pénurie alimentaire, selon l'ONU.

Le régime du président Bachar al-Assad et son allié russe ont lancé le 22 septembre une offensive pour reprendre ces secteurs, s'attirant des accusations de «crimes de guerre» face à l'intensité des frappes qui ont fait environ 500 morts et 2000 blessés selon l'ONU.

Dans la nuit, un correspondant de l'AFP dans les quartiers est avait déjà confirmé avoir entendu des tirs d'artillerie secouant toute la zone juste après l'expiration de la trêve.

Ces violences ont fait au moins trois blessés dans les zones rebelles, selon un premier bilan de l'OSDH.

La trêve «humanitaire» qui a pris fin samedi soir devait permettre aux habitants et aux rebelles qui le souhaitaient de quitter les quartiers est où vivent quelque 250 000 personnes.

Mais malgré la situation catastrophique, les huit corridors mis en place par l'armée russe durant la trêve sont restés déserts. Au final, seuls huit combattants blessés et sept civils auront quitté le secteur rebelle.

«Arrêter ce massacre»

Les autorités russes et les médias étatiques syriens n'ont d'ailleurs pas manqué d'accuser les rebelles d'avoir empêché toute sortie.

L'ONU comptait profiter de la trêve pour évacuer les premiers blessés vendredi. Mais faute de conditions de sécurité suffisantes, l'organisation internationale a finalement annulé ses opérations, alors qu'au total, quelque 200 personnes blessées et malades doivent quitter de toute urgence les quartiers rebelles d'Alep.

Les forces du régime ont conquis dimanche de nouveaux territoires dans la périphérie sud d'Alep qui leur permettent de viser des quartiers rebelles, selon l'OSDH.

Au moins 20 combattants ont été tués dans ces combats, principalement du front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra, ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, selon l'OSDH.

Arrivé dimanche à Gaziantep, dans le sud de la Turquie, où il devait visiter un camp de réfugiés, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a regretté la reprise des combats. «Si on veut que les Syriens réfugiés puissent un jour revenir dans leur pays, alors il faut tout faire pour arrêter ce massacre et reprendre le processus de négociations pour arriver à un accord politique. Et on ne peut pas arriver à une négociation sous les bombes», a-t-il déclaré.

Ailleurs en Syrie, au moins deux personnes ont été blessées dimanche dans l'explosion d'une bombe fixée à une moto, dans la ville de Hassaké (nord-est), selon l'OSDH.

L'explosion est survenue dans un quartier contrôlé par les forces kurdes, régulièrement visé par de telles attaques, généralement revendiquées par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI).

En visite en Irak, le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter, a plaidé pour le lancement d'une opération d'isolement de l'EI dans son bastion syrien de Raqa, simultanément à la bataille en cours pour reprendre aux djihadistes la grande ville de Mossoul dans le nord de l'Irak.

Dimanche, la Maison-Blanche a par ailleurs condamné «dans les termes les plus forts» le recours aux armes chimiques en Syrie, dénonçant le «mépris» du régime syrien pour les règles internationales sur leur interdiction.

Vendredi, un rapport confidentiel remis au Conseil de sécurité de l'ONU a conclu que l'armée syrienne avait mené une nouvelle attaque à l'arme chimique, sans doute au chlore, à Qmenas, dans la province d'Idleb (nord-ouest), contrôlée par les rebelles, le 16 mars 2015.

Au total, sur les neuf attaques chimiques présumées étudiées par les experts, trois ont été attribuées au régime syrien et une à l'EI.