Le Conseil de sécurité de l'ONU va se réunir dimanche, à la demande des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, qui pressent la Russie de sauver la trêve en Syrie et d'enrayer l'escalade de la violence à Alep.

La nouvelle pluie de bombes larguées samedi sur les quartiers rebelles de la grande ville du nord du pays a tué au moins 45 civils, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit «consterné» par une «escalade militaire épouvantable». L'Union européenne a dénoncé «une violation du droit humanitaire international».

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont demandé une réunion en urgence du Conseil de sécurité, qui se tiendra dimanche à 11 h.

Les États-Unis, l'Union européenne et les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays de l'UE (France, Italie, Allemagne et Grande-Bretagne) ont estimé dans un communiqué commun que le rétablissement d'une trêve en Syrie dépendait de la Russie.

«Il revient à la Russie de prouver qu'elle est disposée et qu'elle est capable de prendre des mesures exceptionnelles pour sauver les efforts diplomatiques» en vue de rétablir la trêve en Syrie, dit le texte commun des Occidentaux.

Une trêve d'une semaine négociée par les États-Unis et la Russie a pris fin lundi dernier et les efforts diplomatiques pour tenter de la rétablir ont échoué.

Pour le cinquième jour consécutif, l'est de la ville d'Alep a subi le feu du régime et son allié russe et le correspondant de l'AFP sur place a décrit de nouvelles scènes d'horreur et constaté l'ampleur des destructions.

Privés d'eau

Ajoutant à leurs souffrances, les habitants de la deuxième ville de Syrie ont été privés d'eau samedi à cause des bombardements, selon l'Unicef.

Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a affirmé samedi à l'ONU que l'armée de Damas enregistrait d'importants succès militaires, aidée par la Russie, l'Iran et le Hezbollah libanais, et il s'est déclaré confiant dans une victoire finale.

Alep est un enjeu majeur du conflit syrien, qui a fait plus de 300 000 morts depuis 2011 et engendré la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Le régime de Bachar al-Assad en contrôle la partie ouest et assiège la partie est, tenue par les insurgés.

La guerre en Syrie et la situation dans la deuxième ville du pays ont été au coeur de plusieurs réunions cette semaine à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Mais Russes et Américains n'ont pas réussi à s'entendre sur un nouveau cessez-le-feu.

La dernière trêve des combats, initiée par Washington et Moscou, qui soutiennent des camps opposés dans ce conflit complexe, avait volé en éclats une semaine après son entrée en vigueur le 12 septembre.

Depuis la fin de cette trêve, les frappes ont repris de plus belle sur Alep et l'armée syrienne a annoncé jeudi le début d'une vaste offensive avec «des opérations de reconnaissance et de bombardements» en prélude à «une opération terrestre» pour reprendre la totalité de la ville.

Samedi, les frappes de l'aviation russe et les barils d'explosifs largués par le régime y ont fait au moins 45 morts, dont 10 enfants et 4 femmes, selon l'OSDH). La veille, au moins 47 civils avaient perdu la vie dans les bombardements.

Les habitants sont restés terrés chez eux samedi et rares ont été les personnes à s'aventurer dehors. Sept d'entre elles ont été fauchées par une bombe alors qu'elles faisaient la queue pour acheter du yaourt dans le quartier de Boustane al-Qasr, d'après l'OSDH.

Corps déchiquetés

Le correspondant de l'AFP a décrit une scène tragique, avec une mare de sang et des parties de corps déchiquetées sur le sol. Les cliniques étaient débordées par l'arrivée des nombreux blessés, dont beaucoup gémissaient de douleur au sol, faute de lits.

Pour le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, le régime cible Boustane al-Qasr, car «il veut pousser les gens à partir pour les zones tenues par le gouvernement et reprendre ce secteur» proche de la ligne de démarcation.

Les ambulances ont du mal à circuler en raison du manque d'éclairage -dû aux coupures de courant- et de carburant ainsi qu'aux gravats dans les rues, qui rendent certains secteurs inaccessibles.

Des habitants et militants ont décrit l'utilisation d'un nouveau type de projectiles qui secoue le sol comme un tremblement de terre, fait s'écrouler un immeuble de plusieurs étages comme un château de cartes et en détruit également le sous-sol, où les habitants trouvent habituellement refuge.

Dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré qu'Alep vivait «son bombardement le plus intense et soutenu depuis le début du conflit syrien».

Il a fait état «d'informations persistantes sur des raids aériens impliquant des armes incendiaires et des munitions perfectionnées comme des bombes capables de perforer des bunkers» et affirmé que «l'apparente utilisation systématique» de ces bombes dans des zones habitées «pouvait constituer des crimes de guerre».

Lors d'une conférence de presse à Istanbul, la coalition de l'opposition syrienne en exil a de nouveau fustigé samedi «le silence de la communauté internationale» et l'a appelée à agir pour «faire cesser les massacres».