Des avions russes sont vraisemblablement à l'origine du bombardement d'un convoi humanitaire en Syrie lundi, qui a provoqué un tollé international, a indiqué un responsable américain.

La Maison-Blanche a affirmé qu'elle tenait la Russie pour «responsable».

«Toutes les informations indiquent clairement qu'il s'agit d'une frappe aérienne», a déclaré Ben Rhodes, conseiller du président Barack Obama, soulignant que seuls les Russes ou le régime syrien pouvaient en être à l'origine.

«En tout état de cause, nous tenons le gouvernement russe pour responsable des frappes aériennes dans cette zone», a-t-il ajouté.

«Clairement, cela représente une énorme tragédie humanitaire qui doit être condamnée», a-t-il poursuivi. «C'est un acte scandaleux», a-t-il ajouté.

Interrogé sur l'impact de ce raid sur le processus diplomatique en cours, il a estimé que cela soulevait de «sérieuses questions» mais refusé de «fermer la porte» à la poursuite des discussions.

«Notre meilleure estimation est que ce sont les Russes qui ont mené cette frappe», a indiqué ce responsable, en indiquant que deux bombardiers russes SU-24 étaient sur la zone au moment du bombardement.

Environ 20 personnes, dont un responsable du Croissant-Rouge, ont trouvé la mort dans cette frappe.

Moscou et Damas ont démenti leur participation et un général russe a même mis en doute qu'il y ait eu un raid aérien.

Le Kremlin a ensuite indiqué que l'armée russe «enquêtait» sur ce qui s'était passé près d'Alep.

Le convoi contenait notamment de l'aide sanitaire et de la nourriture de l'UNICEF pour 50 000 bénéficiaires. Les camions transportaient aussi neuf tonnes d'aide médicale, dont des antibiotiques et du matériel chirurgical.

L'ONU a suspendu mardi tous ses convois humanitaires en Syrie en attendant une nouvelle évaluation de la situation sécuritaire.

L'armée américaine enquête de son côté sur une frappe meurtrière de la coalition menée par les État-Unis samedi près de Deir Ezzor, qui visait le groupe État islamique mais a apparemment touché des soldats de l'armée syrienne, faisant 90 morts.

L'enquête, confiée à un général américain, devra notamment dire «qui exactement nous avons frappé», a déclaré mardi le colonel John Thomas.

Les responsables américains reconnaissent que la coalition a peut-être frappé des soldats syriens près de Deir Ezzor. Mais ils soulignent toutefois que leur opinion n'est pas encore complètement faite.

L'enquête devra dire «qui nous pensions viser (...) et qui nous avons en réalité frappé», a expliqué le colonel Thomas.

La frappe a été menée par des appareils des États-Unis, du Royaume-Uni, du Danemark et de l'Australie.

La Syrie replongeait mardi dans la guerre sous le regard impuissant de la communauté internationale réunie à l'ONU à New York.

Une énième trêve péniblement imposée le 9 septembre par les États-Unis et la Russie a fait long feu sur le terrain, même si les dirigeants mondiaux tentaient de se convaincre qu'elle n'était «pas morte», comme l'a affirmé le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

AFP

Endommagé par une bombe, un camion faisant partie du convoi gît sur le bord d'une route près d'Alep.