Le chef des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien a fait part lundi au Conseil de sécurité de sa colère devant la situation à Alep, qui risque selon lui de provoquer « une catastrophe humanitaire sans précédent » depuis le début de la guerre en Syrie.

Il a aussi indiqué que des dizaines de camions de l'ONU étaient prêts à aller secourir les 275 000 habitants des quartiers est de la ville, coupés de tout depuis plus d'un mois, dès que tous les belligérants auront décidé une pause humanitaire d'au moins 48 heures.

« Je ne peux pas le cacher, je suis en colère, très en colère », a-t-il lancé aux ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil, dénonçant « un carnage sans pitié » et un « comble de l'horreur » à Alep, ville située au nord de la Syrie.

« À Alep nous risquons d'assister à une catastrophe humanitaire sans précédent dans les cinq années de carnage » qu'a connues la Syrie, a-t-il souligné.

Il a exhorté une nouvelle fois tous les belligérants à appliquer un cessez-le-feu « ou au moins une pause de 48 heures » dans les combats. Il a aussi demandé instamment aux membres du Conseil, et en particulier la Russie et les États-Unis, de se mettre d'accord pour favoriser cette trêve.

Il a estimé que la prise de position récente de la Russie, qui s'est prononcée en faveur d'une trêve de 48 heures, était « positive », mais insuffisante en l'absence de « garanties de sécurité claires de la part de toutes les parties au conflit ».

La Russie a annoncé jeudi dernier être prête à instaurer « dès la semaine prochaine » une pause humanitaire hebdomadaire de 48 heures à Alep.

« Nous sommes prêts » à secourir la population d'Alep, a réaffirmé M. O'Brien. « Dès que nous aurons le feu vert nous pourrons commencer à acheminer de l'aide dans un délai de 48 à 72 heures ».

L'ONU, a-t-il expliqué, a prépositionné vivres et médicaments dans l'ouest d'Alep pour pouvoir les faire parvenir à la population des quartiers est.

Les quartiers est d'Alep où vivent 275 000 civils sont sous le contrôle des rebelles et la partie ouest (1,5 million) est tenue par les forces gouvernementales.

« Nous avons les stocks, nous avons repéré l'itinéraire et nous sommes prêts à faire passer 50 camions de l'ouest vers l'est dès que nous aurons reçu les assurances nécessaires pour la sécurité de ces convois », a-t-il repris.

L'ONU a aussi mené des préparatifs pour envoyer un premier convoi de 20 camions depuis la Turquie directement vers l'est d'Alep en profitant de la première pause humanitaire.

M. O'Brien a par ailleurs déploré que « pas un seul » convoi humanitaire n'ait pu entrer dans les localités assiégées de Syrie pendant le mois d'août.

L'ONU a demandé dimanche aux autorités syriennes d'autoriser des convois à aller secourir pendant le mois de septembre 1,19 million de civils dans 34 localités assiégées ou difficiles d'accès et attend la réponse pour le 30 août.