L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) s'est dite mercredi « préoccupée » par les informations selon lesquelles du chlore aurait été utilisé lors d'un bombardement près d'Alep, au nord de la Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme a rapporté mardi que 24 personnes disaient souffrir de difficultés respiratoires après que des barils explosifs avaient été largués sur la ville de Saraqeb, à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Alep.

Les habitants ont assuré être victimes d'une attaque au chlore, ce que l'OSDH ne pouvait confirmer.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par ces informations », a indiqué dans un communiqué Ahmet Uzumcu, directeur de l'OIAC, agence soutenue par les Nations unies basée à La Haye.

Le bombardement présumé, imputé par les rebelles syriens aux forces armées du gouvernement de Damas, serait survenu près du lieu où cinq Russes ont été tués lundi lorsque leur hélicoptère a été abattu.

M. Uzumcu a rappelé que les conventions internationales interdisent l'usage des armes chimiques « par qui que ce soit, dans toutes les circonstances ».

L'OIAC fait état depuis des mois du recours persistant - sans se prononcer sur les responsables - au gaz sarin, au gaz moutarde ou au chlore dans les combats qui ravagent la Syrie et ont fait plus de 280 000 morts en cinq ans.

De son côté, un groupe d'experts mandatés par l'ONU enquête sur neuf attaques chimiques dans ce pays, mais n'a pas encore produit de conclusions.

Damas a toujours nié avec vigueur avoir utilisé des armes chimiques et considère que ces accusations servent « des objectifs politiques ».

Après une attaque chimique qui avait provoqué la mort de centaines de personnes dans la région de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, en août 2013, la Syrie avait accepté de divulguer et de remettre son arsenal chimique dans le cadre d'un accord supervisé par l'OIAC. Au total, 1300 m3 d'armes chimiques ont été saisis en Syrie, dont du gaz moutarde et du sarin. En janvier, l'OIAC avait annoncé que cet arsenal avait été détruit.

Le Pentagone ouvre une enquête sur une frappe qui a tué des civils 

Les militaires américains ont terminé leur examen initial des circonstances autour d'une frappe aérienne qui aurait fait plusieurs victimes civiles dans le nord-ouest de la Syrie le 28 juillet dernier et une enquête formelle sur cet incident a été ouverte.

Un responsable militaire a précisé mercredi que cette investigation est destinée à faire la lumière sur une frappe menée le 28 juillet au nord-ouest de Minbej, qui selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé en Grande-Bretagne, a fait 15 victimes civiles.

« Nous avons estimé cet incident assez crédible pour lancer une enquête formelle, qui est en cours », a déclaré le colonel Chris Garver, un porte-parole du Pentagone.

Les États-Unis sont à la tête d'une coalition d'une soixantaine de pays qui mènent des frappes aériennes contre les djihadistes du groupe État islamique en Syrie et en Irak.

Le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom) avait déjà de son côté annoncé une enquête sur une frappe menée le 19 juillet sur un village près de Minbej, dans la province d'Alep. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au moins 56 civils, dont 11 enfants, ont été tués dans cette frappe.

Le colonel Garver a expliqué que les militaires américains sont au courant de rapports faisant état de victimes civiles, les nombres variant de 10 à 73 : « Nous pensons que le bilan est plutôt vers le bas de cette fourchette », a-t-il noté.

Par ailleurs, les allégations concernant un troisième incident le 23 juillet, toujours près de Manbij, n'ont pas été jugées crédibles, « car la coalition n'a pas conduit de frappes à cet endroit ».

Au total, les militaires américains ont reconnu jusqu'à présent avoir causé la mort de 55 civils depuis le début de leur campagne de frappes aériennes il y a deux ans. Beaucoup estiment que le chiffre réel de victimes civiles causées par les bombardements aériens menés contre le groupe EI est en fait très supérieur.