L'émissaire de l'ONU en Syrie Staffan de Mistura a indiqué jeudi au Conseil de sécurité qu'il n'envisageait pas de nouveaux pourparlers de paix concernant la Syrie «avant deux ou trois semaines».

Selon un communiqué du bureau de l'envoyé spécial en Syrie, M. de Mistura a réaffirmé au Conseil «son intention de commencer la nouvelle session de négociations dès que possible, mais certainement pas avant deux ou trois semaines».

Le médiateur a rendu compte de sa mission au Conseil par vidéoconférence, à huis clos.

Il a souligné qu'il fallait d'abord «constater des progrès sur le terrain, en particulier en ce qui concerne la cessation des hostilités et l'accès humanitaire» avant une reprise des négociations entre le gouvernement syrien et l'opposition armée sous l'égide de l'ONU, ajoute le communiqué.

M. de Mistura «va maintenir des contacts étroits et permanents avec les parties syriennes et les membres du Groupe international de soutien à la Syrie afin de déterminer le moment adéquat pour reconvoquer les parties à Genève», conclut le texte.

Selon des diplomates présents lors des consultations du Conseil à huis clos, M. de Mistura a noté que le niveau général de violence avait baissé, mais que, dans de nombreux endroits, la cessation des hostilités instaurée officiellement fin février n'existait que sur le papier.

En ce qui concerne l'accès humanitaire, a-t-il relevé, l'ONU a besoin de garanties de sécurité pour pouvoir procéder aux largages d'aide par avions envisagés.

Les États-Unis partagent la «frustration» de M. de Mistura devant «l'insuffisance de l'accès humanitaire», a déclaré à la presse l'ambassadrice américaine Samantha Power à l'issue des consultations.

Elle a lancé un appel à la Russie pour qu'elle fasse pression sur son allié syrien: «la Russie a une responsabilité particulière de faire pression sur le régime (du président syrien Bachar al-) Assad afin qu'il respecte la cessation des hostilités et cesse de bombarder et d'assiéger des civils syriens innocents», a-t-elle affirmé.

«La négociation politique est le seul moyen de mettre fin à cette guerre et, pour faciliter ce processus, un accès humanitaire sans entraves et un plein respect de la trêve sont essentiels», a-t-elle souligné.

Selon des diplomates, il y a peu de chances que l'opposition syrienne accepte de revenir à la table des négociations si la trêve n'est pas mieux respectée et si l'aide humanitaire reste bloquée.

Deux sessions de négociations intersyriennes indirectes ont déjà eu lieu à Genève sous l'égide de l'ONU. La dernière, en avril, avait été interrompue après le retrait de la délégation des rebelles, et aucune n'a débouché sur des avancées majeures.

Réuni le 17 mai à Vienne, le Groupe international de soutien à la Syrie (21 pays et trois organisations multilatérales), coprésidé par la Russie et les États-Unis, n'avait pas réussi à fixer de calendrier pour une reprise des pourparlers de paix, laissant ce soin au médiateur.

M. de Mistura a indiqué jeudi à la presse, à Genève, que de nombreux civils risquent de mourir de faim en Syrie si l'aide humanitaire ne parvient pas rapidement dans plusieurs localités.

Il a notamment cité Daraya et Mouadamiya (près de Damas et assiégées par les forces du gouvernement) ainsi que Kefraya et Foua (assiégées par les forces de l'opposition).

Depuis le début de la révolte contre le régime de Damas en mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 270 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes. La trêve est régulièrement violée depuis fin avril et les pourparlers de paix sont au point mort.