Le secrétaire d'État américain John Kerry a exhorté lundi son homologue russe Sergueï Lavrov à faire pression sur le régime syrien, allié de Moscou, pour qu'il cesse de bombarder l'opposition, au risque de faire voler en éclats une trêve extrêmement fragile.

Parallèlement, le département d'État américain a pressé ses alliés parmi les groupes de rebelles syriens modérés de continuer à respecter cette cessation des hostilités, en principe en vigueur depuis fin février malgré l'offensive des forces armées du président Bachar al-Assad.

Dans un nouvel appel téléphonique entre les deux ministres américain et russe, John Kerry a demandé à Sergueï Lavrov de «presser le régime de cesser immédiatement les frappes aériennes contre des forces de l'opposition et des civils innocents à Alep et dans les environs de Damas», selon le compte rendu du département d'État.

Les États-Unis et la Russie sont les co-parrains du processus diplomatique dit de Vienne, du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) qui s'est encore réuni la semaine dernière dans la capitale autrichienne, mais sans faire d'avancées notables. La vingtaine de puissances mondiales et régionales du GISS n'ont notamment pas réussi à convertir la fragile cessation des hostilités en Syrie en une trêve durable entre le régime syrien et les groupes d'opposition.

«La Russie a une responsabilité particulière pour faire pression sur le régime pour qu'il mette fin à ses attaques et à ses frappes qui tuent des civils, pour qu'il permette un accès immédiat de l'aide (humanitaire), pour qu'il respecte pleinement la cessation des hostilités», a affirmé le porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner.

«Si cela (la violence du régime, ndlr) continue, nous pourrions assister à une rupture complète de la cessation» des hostilités, a mis en garde le responsable américain.

En s'appuyant sur Moscou pour qu'elle fasse taire les armes de Damas, Washington entend donner une «chance de succès aux pourparlers politiques» entre les belligérants.

Ces négociations indirectes entre le régime syrien et l'opposition, qui se sont tenues à trois reprises à Genève sous l'égide de l'ONU, n'ont produit aucune avancée. Et aucune date n'a été retenue par le GISS pour que les pourparlers reprennent.

Pourtant, «une telle solution permettrait à toutes les parties de se concentrer sur la menace commune posée par Daech et d'autres groupes terroristes», a fait valoir M. Toner.

D'après la diplomatie russe, l'entretien Lavrov-Kerry a plutôt porté sur la proposition de Moscou de mener des frappes aériennes communes contre les «groupes terroristes» en Syrie.

L'offre avait déjà été rejetée par le Pentagone et M. Toner a réaffirmé qu'il n'y aurait pas d»'opérations conjointes» militaires américano-russes contre des groupes ddjihadistes comme l'État islamique ou le Front al-Nosra.

Contraint de compter une nouvelle fois sur la Russie pour qu'elle fasse «pression» sur Damas, Washington n'en a pas moins exhorté ses alliés de la rébellion syrienne à respecter la trêve.

«Nous reconnaissons que la cessation des hostilités est sérieusement sous pression mais nous pensons que l'abandonner maintenant serait une erreur stratégique», a plaidé l'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, Michael Ratney, dans un communiqué adressé aux «factions armées syriennes» et relayé sur Twitter.