L'opposition syrienne envisage de suspendre sa participation aux négociations de Genève si le régime de Damas continue à refuser de parler du sort du président Bachar al-Assad, a-t-on appris dimanche auprès d'opposants.posants.

«Les négociations sont presque arrivées à une impasse en raison de l'entêtement du régime à refuser de discuter du sort d'Assad», a déclaré à l'AFP un membre de la délégation du Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe les principaux représentants de l'opposition au régime et de la rébellion.

«Ce round est menacé d'un échec si les grandes puissances, et notamment les États-Unis et la Russie, n'interviennent pas pour faire pression» sur Damas, a-t-il dit, sous couvert de l'anonymat.

Vendredi, le HCN a rejeté catégoriquement une proposition soumise par l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui prévoit d'accorder au président Assad une fonction protocolaire dans le processus de transition.

«Il ne peut pas y avoir de compromis sur la question de Bachar al-Assad», a martelé devant la presse le négociateur en chef de l'opposition, Mohammad Allouche.

Abdel Hakim Bachar, membre du HCN et vice-président de la Coalition de l'opposition, a déclaré pour sa part qu'il n'excluait pas une suspension de la participation de l'opposition à ces pourparlers.

«Tous les scénarios sont possibles», a-t-il dit à l'AFP. «Pas un retrait pur et simple, mais une suspension (.) si la situation reste telle quelle.»

Le HCN réclame la mise en place d'un organe gouvernemental de transition, mais sans la présence du président syrien, au pouvoir depuis 16 ans, dont il exige le départ préalable.

Le régime de Damas se dit prêt à envisager un gouvernement de coalition avec l'opposition, mais considère que le sort du président Assad n'est pas négociable.

Une nouvelle session de négociations indirectes entre le régime de Bachar al-Assad et l'opposition a débuté mercredi à Genève, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de mettre un terme à un conflit, qui en cinq ans a déjà fait plus de 270 000 morts et déplacé la moitié de la M. Bachar a souligné que le HCN était «en train de procéder à une revue complète» de la situation. «Les réunions vont se poursuivre aujourd'hui et nous prendrons une décision demain (lundi)», a-t-il dit.

L'opposant a souligné qu'aucun progrès n'avait été fait sur le plan de l'aide humanitaire ni sur celui des prisonniers. «Et la trêve est pratiquement rompue, car il y a actuellement une offensive contre Alep sur trois axes», a-t-il déploré.

Une cessation des hostilités est entrée en vigueur le 27 février, grâce à l'action combinée de Moscou et de Washington, mais elle risque de voler en éclats en raison des combats intenses qui opposent depuis plusieurs jours l'armée du régime aux rebelles autour d'Alep.

En représailles, Mohammad Allouche a appelé dimanche à de nouvelles attaques contre l'armée régulière.

«Ne vous fiez pas au régime et ne vous attendez pas à ce qu'il prenne pitié de vous. Frappez-les (...) de tous les côtés», a tweeté M. Allouche, en citant un verset du Coran.

Lors d'une conférence de presse dimanche, il a tenu à expliquer sa position.

«C'est notre droit de nous protéger et c'est le droit des groupes rebelles de nous défendre (.) J'ai demandé aux rebelles d'être totalement préparés à répondre à toute attaque du régime et de ses alliés», a-t-il dit.

M. Allouche dirige le mouvement armé d'inspiration salafiste Jaich al-Islam, qui fait partie de la centaine de groupes rebelles ayant approuvé la trêve.