Les premiers experts étrangers ayant eu accès au musée de Palmyre après la reprise de la ville par les forces gouvernementales syriennes disent avoir récupéré plusieurs sculptures fracassées, qu'ils ont envoyées à Damas où ils espèrent qu'elles pourront être restaurées.

Ils ont décrit l'étendue des dégâts causés par les extrémistes du groupe armé État islamique (ÉI) au cours des 10 mois pendant lesquels ils ont exercé le pouvoir sur la cité antique inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le musée a été saccagé et plusieurs de ses objets et statues les mieux connus ont été détruits par les extrémistes. Ces derniers ont décapité les statues, sectionné les mains des sculptures et vandalisé d'autres pièces architecturales.

Bartosz Markowski, du Centre archéologique polonais de l'Université de Varsovie, a indiqué à l'Associated Press que la plupart des 200 objets exposés au rez-de-chaussée du musée ont été détruits. Plusieurs d'entre d'eux semblent avoir été martelés. Plusieurs objets ont été volés, a-t-il ajouté, même s'il est impossible d'en déterminer le nombre pour l'instant.

Ses collègues et lui ont été les premiers experts à pouvoir visiter Palmyre depuis la reprise de la ville, le mois dernier. Ils y sont demeurés une semaine afin d'estimer les dégâts.

«Nous rassemblons tout ce que nous pouvons. Les fragments étaient répandus tout autour du musée, au milieu du verre brisé et des meubles. C'est une catastrophe», a-t-il déclaré.

Le groupe État islamique a détruit certains des plus célèbres monuments datant de l'Antiquité romaine, dont deux grands temples vieux de plus de 1800 ans et un arc de triomphe. Il a même osé filmer les actes de vandalisme pour montrer au monde ce dont il était capable. L'endroit figurait parmi les principaux lieux touristiques de la Syrie avant la guerre civile.

Les extrémistes ont notamment détruit le célèbre Lion de Palmyre, une statue vieille de 2000 ans qui accueillait les visiteurs à l'extérieur du musée. La statue attribuée à la déesse Al-Lat a été défigurée et renversée par un bulldozer.

«Heureusement, nous avons pu rassembler la plupart des morceaux. J'espère pouvoir la restaurer très rapidement», a dit M. Markowski.

Son collègue Robert Zukowski estime que le Lion doit être la première pièce à être restaurée. «Elle doit demeurer à Palmyre en signe de résistance contre les barbares.»

M. Markowski a aussi indiqué que le musée lui-même avait subi des dégâts structurels en raison des bombardements. «Il y a des plafonds et des murs qui sont tombés. Il y a des débris et des briques partout, sans compter les morceaux des statues.»

Selon lui, la restauration des lieux nécessitera un grand effort international et s'étendra sur plusieurs années. «Plusieurs des objets pourront être restaurés, mais ils n'auront pas la splendeur d'antan», a-t-il déploré.

PHOTO AFP/SANA

Le musée de Palmyre a été saccagé par les djihadistes de l'EI.