La branche syrienne d'Al-Qaïda a subi un revers avec la mort de son porte-parole et de 20 autres djihadistes dans des frappes en Syrie, les États-Unis revendiquant lundi le raid contre ce responsable du réseau extrémiste.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), citant des sources sur le terrain, a lui indiqué que l'armée de l'air syrienne était à l'origine des frappes qui ont tué dimanche Abou Firas al-Souri, porte-parole du Front Al-Nosra, dans la province d'Idleb (nord-ouest).

Le Pentagone n'a pas confirmé la mort d'Abou Firas al-Souri mais a affirmé que l'armée américaine avait bombardé le lieu de la réunion où il se trouvait. «Nous travaillons à confirmer sa mort».

De son vrai nom Radwane Nammous, Abou Firas al-Souri, un sexagénaire, avait combattu contre les Soviétiques en Afghanistan où il avait rencontré Oussama Ben Laden et Abdallah Azzam, père fondateur du djihad international, avant de rentrer en Syrie avec le début de la révolte en 2011, selon des experts.

«C'est un ancien d'Al-Qaïda. Il a été ramené du Yémen pour contrebalancer idéologiquement l'État islamique (EI)», le grand rival djihadiste d'Al-Nosra en Syrie, selon Pieter Van Ostaeyen, historien et observateur des mouvements djihadistes en ligne.

«C'est un coup dur pour Al-Nosra, même si cela ne l'affectera pas énormément au niveau opérationnel», a-t-il ajouté. Le groupe «continuera à tout tenter pour faire dérailler la trêve, ce qu'il a déjà réussi à faire à un certain degré», a précisé Aymen Jawad Al-Tamimi, chercheur au Middle East Forum, un groupe de réflexion pour la promotion des intérêts américains dans la région.

D'après l'OSDH, al-Souri a été visé par des frappes lors d'une réunion avec d'autres djihadistes d'Al-Nosra, de Jound al-Aqsa et des djihadistes ouzbeks dans une région de la province d'Idleb. Des raids ont également ciblé d'autres positions du Front Al-Nosra et de Jound Al-Aqsa ailleurs dans la province.

Parmi les morts figurent le fils d'Abou Firas al-Souri, a dit l'OSDH. 

Un responsable de l'EI tué 

La trêve globalement respectée depuis plus d'un mois entre rebelles syriens et régime de Bachar al-Assad a permis aussi bien à l'armée qu'à son allié russe et à la coalition dirigée par les États-Unis de se concentrer sur la lutte contre les djihadistes, exclus de l'accord.

Toutefois depuis le 27 février, Al-Nosra, allié avec les insurgés dans plusieurs régions, gardait relativement profil bas.

Mais vendredi, le groupe djihadiste et des rebelles ont chassé le régime et ses alliés de la localité d'al-Eis dans la province septentrionale d'Alep et tué 12 membres du Hezbollah chiite, d'après l'OSDH.

«Il s'agit de la plus grande opération menée par Al-Nosra depuis la trêve», selon l'ONG.

Pour le spécialiste de la Syrie Thomas Pierret, «le succès de cette récente offensive suggère qu'Al-Nosra n'a pas été du tout affaibli».

Rival d'Al-Nosra, l'EI a également a perdu ces dernières semaines plusieurs de ses commandants dans des frappes de la coalition conduite par Washington, qui mène depuis 2014 une campagne aérienne visant les djihadistes en Syrie et en Irak voisin.

Un commandant militaire du groupe, le Tunisien Abou al-Haija, a ainsi péri la semaine dernière dans une attaque de drone vraisemblablement menée par la coalition. Et lundi, un membre de l'EI chargé de la communication a été tué par un raid dans la province orientale de Deir Ezzor, a indiqué l'OSDH.

«Il n'est pas clair si c'est une frappe russe ou syrienne qui a tué Mohammad al-Lafi» dont le nom de guerre était Abou Abdallah Azzam, a précisé l'OSDH. 

Reprise d'Al-Qaryatayn 

Dans le centre de la Syrie en guerre, les forces prorégime se sont emparées dimanche de la ville d'Al-Qaryatayn, l'un des derniers fiefs de l'EI dans cette région situé à 120 km au sud-ouest de Palmyre.

Les djihadistes se sont retirés d'Al-Qaryatayn au terme d'une offensive lancée il y a près d'un mois par les prorégime en même temps que la bataille de Palmyre, située également dans la province centrale de Homs. La cité antique a été reprise le 27 mars.

Il ne restera à l'EI dans cette province que le fief de Sokhné, à 70 km au nord-est de Palmyre, selon l'OSDH. L'armée est arrivée aux abords de Sokhné et de violents combats s'y déroulaient.

La prise d'Al-Qaryatayn permet d'empêcher un retour à Palmyre des djihadistes qui y avaient détruit des trésors archéologiques et exécuté 280 personnes en 10 mois d'occupation.