L'armée syrienne a repris samedi au groupe État islamique (EI) la citadelle de Palmyre, qui domine la ville antique, a annoncé une source militaire citée par la télévision officielle.

«Nos forces armées, en coordination avec les (miliciens) des Forces de défense nationale, ont pris le contrôle de l'ancienne citadelle de Palmyre, après avoir infligé de lourdes pertes aux terroristes de Daech (acronyme arabe de l'EI)», a indiqué cette source militaire.

Les forces du régime syrien se trouvaient vendredi à la lisière des ruines de la cité antique de Palmyre, cherchant à en chasser le groupe État islamique (EI) qui y a détruit des monuments uniques au monde.

Pour hâter la chute des djihadistes, qui ont profité du chaos en Syrie ainsi que chez son voisin irakien, Moscou et Washington sont tombés d'accord pour agir en faveur de négociations directes entre le régime et l'opposition et accélérer la transition politique dans ce pays où cinq ans de guerre ont fait plus de 270 000 morts.

L'armée, qui a lancé une offensive le 7 mars pour reprendre Palmyre, «se trouve à 600 mètres du temple de Bêl et du coeur des ruines, mais elle avance lentement à cause des mines», a affirmé à l'AFP le directeur des musées et antiquités de Syrie Maamoun Abdelkarim.

«Nous leur avons demandé de préserver la cité des destructions», a-t-il ajouté, en référence au régime de Damas, dont l'opération à Palmyre reçoit le soutien de l'aviation russe.

«Dans le sud-ouest de la ville, l'armée a libéré le quartier des hôtels et restaurants ainsi que la Vallée des tombeaux» célèbre pour ses tours funéraires, a encore indiqué M. Abdelkarim.

«À l'ouest de la ville, ils ont pris la colline dite de Syriatel qui domine le château fort mamelouk du 13e siècle, toujours aux mains de l'EI», a-t-il précisé.

«Palmyre sera bientôt entièrement libéré», a-t-il assuré.

«Combats au corps à corps»

Il y a dix mois, l'EI avait chassé l'armée de cette cité inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO et y avait commis des destructions ayant horrifié le monde.

Il s'en était pris aux trésors archéologiques comme le célèbre Arc de Triomphe, les temples de Bêl et de Baalshamin ou encore aux tours funéraires symboles de l'essor de cette cité vieille de plus de 2000 ans.

Selon une source militaire, une tempête de sable, qui s'est levée jeudi soir, a également gêné les mouvements des troupes dans cette ville située en plein désert syrien.

«L'opération militaire se poursuit (...) mais nous faisons face à certains obstacles comme une tempête de sable qui a réduit la visibilité», a précisé cette source.

«À mesure que nous approchons du site antique, nous utilisons moins d'armes lourdes et d'artillerie pour ne pas porter atteinte à ce qui reste des ruines. Les combats dans le dernier carré se feront au corps à corps. Sauvegarder les ruines est une priorité mais aussi préserver la vie de nos soldats», a précisé cette source.

La directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, a salué l'offensive de l'armée. «Depuis un an, le saccage de Palmyre est le symbole du nettoyage culturel qui sévit au Moyen-Orient», a-t-elle dit, qualifiant la cité antique de «ville martyre».

Une reconquête de cette ville permettrait au régime de progresser plus à l'est dans le désert syrien vers la frontière avec l'Irak, contrôlée par les djihadistes.

De l'autre côté de la frontière, l'armée irakienne, soutenue par une coalition de milices et l'aviation de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, a lancé jeudi une offensive pour reprendre à l'EI Mossoul, deuxième ville du pays (nord).

Mossoul, comme Palmyre, et surtout la ville syrienne de Raqa (nord), font partie du «califat» autoproclamé par le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi en juin 2014.

Les «mécréants» de l'Occident

À Raqa, lors de son prêche de vendredi, l'imam de l'EI, cheikh Abou ali al-Charii, a célébré les attaques de Bruxelles et annoncé «qu'il y en aurait d'autres contre les mécréants en Occident». Les attentats mardi contre un aéroport et le métro ont fait au moins 31 morts et 300 blessés.

En Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des centaines de personnes ont manifesté contre le régime dans plusieurs localités rebelles, à la faveur d'une trêve globalement respectée initiée par les Russes et les Américains et en vigueur depuis le 27 février.

Cette trêve a notamment permis la tenue d'un round de pourparlers indirects à Genève entre le régime et l'opposition sous l'égide de l'ONU. Ils ont pris fin jeudi et l'ONU espère les reprendre autour du 9-10 avril.

Après de longs entretiens au Kremlin entre le secrétaire d'État américain John Kerry et le président russe Vladimir Poutine, Américains et Russes se sont engagés jeudi à tout faire pour tirer profit de la cessation des hostilités afin d'avancer dans le règlement politique.

La question du sort du président Bachar al-Assad, question centrale dans le règlement du conflit, n'est cependant pas réglée.