Le président Bachar al-Assad a promis de faire en sorte que la trêve en Syrie «fonctionne», au quatrième jour d'un cessez-le-feu qui, contre toute attente, était globalement respecté.

Alors que Russes et Américains, parrains de cet accord de trêve entré en vigueur samedi, doutaient eux-mêmes de sa viabilité, la cessation des hostilités entre régime et rebelles tenait dans de nombreuses régions de Syrie, pays ravagé par près cinq ans de guerre et de drame humanitaire.

«Nous ferons ce qui dépend de nous pour que tout cela fonctionne», a déclaré M. Assad, dans une interview à la télévision publique allemande ARD dont des extraits ont été publiés mardi.

Il a proposé également aux combattants de l'opposition déposant les armes «un retour à la vie civile» et «une amnistie complète».

Concernant la trêve, «les terroristes l'ont rompue dès la première heure», a dit M. Assad, soutenant que «l'armée syrienne s'(était) abstenue de toutes représailles pour maintenir les chances de survie de l'accord».

«Tout a ses limites. Cela dépend de l'autre camp», a-t-il cependant mis en garde.

Dès le premier jour du cessez-le-feu, régime et rebelles se sont accusés mutuellement de l'avoir violé, même si de manière générale les combats et les bombardements connaissent depuis samedi un répit dans les zones incluses dans l'accord.

La Russie, qui mène une campagne aérienne depuis septembre pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, a annoncé 15 violations de la trêve au cours des dernières 24 heures notamment à Damas, dans les provinces d'Alep (nord), Homs (centre) et Lattaquié (nord-ouest).

Retour timide des manifestations

Dans certaines localités, on évoque moins de violences, mais pas un retour à la normale.

«Les raids aériens ont nettement diminué, ce qui est très positif», a affirmé à l'AFP via internet Hassan Abou Nouh, un militant de Talbissé. «Mais dans le même temps, les gens ne peuvent vaquer tranquillement à leurs affaires. Ils sont dans la même routine, car dès qu'il y a un survol d'un avion militaire, ils descendent dans les abris».

Talbissé, dans la province de Homs, est l'une des localités censées être comprises par l'accord de trêve, qui n'est que partiel, car les mouvements djihadistes État islamique (EI) et Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, en sont exclus.

De ce fait, ces groupes continuent d'être visés par les frappes du régime, de la Russie ou de la coalition internationale anti-djihadistes dirigée par Washington.

Profitant de l'accalmie précaire, des manifestations antirégime de quelques dizaines de personnes ont refait surface dans des localités rebelles après près de trois ans de silence dû à l'intensification des combats et des bombardements.

«Daraya ne cèdera pas», lisait-on mardi sur une bannière lors d'une manifestation dans cette ville rebelle assiégée par le régime et située au sud-ouest de Damas, selon des photos relayées par des militants.

Lundi, quelques dizaines de personnes manifestant dans la partie rebelle d'Alep (nord) avaient porté une banderole sur laquelle était écrit «le peuple veut la chute du régime», leitmotiv du «printemps arabe» de 2011 et repris en choeur par des dizaines de milliers de Syriens au début de la révolte.

«La révolution continue», lisait-on sur une autre pancarte.

Une autre petite manifestation s'était déroulée lundi dans la ville de Daël (sud).

Après la répression sanglante de manifestations pacifiques entamées en 2011 pour réclamer des réformes, le pays s'est enlisé dans une guerre destructrice et plus de la moitié de la population a été jetée hors de chez elle, marginalisant presque complètement tout mouvement pacifique.

«Cessez-le-feu durable»

Mettant à profit cette trêve sans précédent, l'ONU avait annoncé lundi qu'elle allait porter assistance dans les prochains jours à 154 000 personnes vivant dans des localités assiégées par les divers belligérants.

Des aides de l'ONU ont été livrées lundi à Mouadamiyat al-Cham, ville assiégée par l'armée au sud-ouest de la capitale, une première depuis le début de la trêve.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a demandé mardi la fermeture de la frontière turco-syrienne afin de couper les voies d'approvisionnement des «terroristes», y compris par le biais de convois humanitaires.

«Améliorer la situation humanitaire en Syrie (est) l'une des priorités clés de l'ONU», a-t-il dit. «Toutefois, la résolution des problèmes humanitaires et la restauration du pays détruit par la guerre ne seront possibles que grâce au maintien d'un cessez-le-feu durable et à la mise en place d'un dialogue intersyrien sur l'avenir du pays».

La reprise de ces discussions de paix intersyriennes, prévue le 7 mars à Genève, a été repoussée de deux jours «pour des questions pratiques et logistiques», a annoncé mardi le bureau de l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.