Le secrétaire d'État américain John Kerry a une nouvelle fois réclamé mardi à la Russie un «cessez-le-feu immédiat» en Syrie, objectif majeur de la conférence internationale sur cette guerre prévue jeudi à Munich.

«Nous avons appelé la Russie et nous l'appelons encore à se joindre aux efforts destinés à obtenir un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire complet», a martelé John Kerry devant la presse, en recevant au département d'État son homologue égyptien Sameh Choukri.

«Ce que fait la Russie à Alep et dans la région rend les choses beaucoup plus difficiles pour pouvoir se mettre à la table (des pourparlers) et avoir une conversation sérieuse», a mis en garde le chef de la diplomatie américaine, en allusion aux frappes russes depuis plus d'une semaine sur la ville du nord de la Syrie en appui à l'offensive des forces gouvernementales syriennes.

M. Kerry a plaidé pour que Moscou «contribue (...) à créer un climat où l'on puisse négocier. Mais ils (les Russes) ont rendu les choses très, très difficiles ces derniers jours».

Washington avait accusé Moscou la semaine dernière d'avoir, par ses bombardements, torpillé «en partie» les discussions indirectes inter-syriennes qui avaient à peine commencé à Genève, sous l'égide de l'ONU.

Depuis mercredi dernier, John Kerry a réclamé quotidiennement que ces frappes russes qui «tuent femmes et enfants en grand nombre» cessent. «Nous ne sommes pas aveugles sur ce qui se déroule et nous sommes tout à fait conscients que ce moment est crucial», a-t-il ajouté.

«Nous allons à Munich avec le grand espoir d'un moment révélateur», a encore lancé le secrétaire d'État, son porte-parole John Kirby jugeant que la communauté internationale devait «maintenant décider d'essayer d'obtenir un cessez-le-feu et (...) un accès humanitaire».

La ville allemande de Munich accueille jeudi le Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) rassemblant 17 pays et trois organisations multilatérales qui ont adopté en novembre dernier à Vienne une feuille de route diplomatique sur le conflit. Ce texte, consacré par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU le 18 décembre, réclame notamment l'instauration d'un cessez-le-feu et un accès humanitaire aux villes syriennes assiégées.

«C'est ce sur quoi cette réunion portera et elle en dira long sur le chemin qui est devant nous», a plaidé John Kerry, partisan depuis des mois d'un rapprochement avec Moscou pour tenter de trouver une sortie de crise diplomatique au conflit syrien qui a fait au moins 260 000 morts et des millions de réfugiés en cinq ans.

M. Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov sont les artisans du processus diplomatique de Vienne.

Lundi soir, lors d'une rencontre avec des journalistes de Washington, l'ambassadeur de Russie aux États-Unis, Sergueï Kislyak, a reconnu aussi que la conférence de Munich serait «difficile».

«Vous ne pouvez pas annoncer un cessez-le-feu quand l'autre camp continue de se battre», a argumenté le diplomate russe, sans citer explicitement les groupes armés d'opposition syriens.

L'ambassadeur a martelé que «la seule mission» de Moscou en Syrie consistait à «s'occuper de la menace terroriste» et que «rien ne changera» en la matière.