Ils seront tous là. Même la Russie. Les 17 pays du Groupe de soutien international à la Syrie se réuniront aujourd'hui à New York pour préparer des négociations de paix prévues par la feuille de route adoptée à Vienne il y a un mois. Le point en quatre questions.

Quels sont les objectifs concrets de cette rencontre?

La réunion vise à «aplanir» les divergences qui perdurent au sujet de la feuille de route dressée à Vienne, affirme la professeure Marie-Joëlle Zahar de l'Université de Montréal, feuille de route qui prévoit la tenue d'une rencontre dès janvier entre les représentants du régime syrien et ceux de l'opposition, un cessez-le-feu, un gouvernement de transition d'ici juillet et l'organisation d'élections d'ici 18 mois. La professeure Zahar y voit une rencontre «très importante», puisqu'elle témoigne d'une «accélération des efforts internationaux pour préparer le terrain à un début de négociations». Le Groupe de soutien international à la Syrie, dont le Canada ne fait pas partie, réunit 17 pays ainsi que la Ligue arabe, les Nations unies (ONU) et l'Union européenne.

Ces objectifs sont-ils réalistes?

Marie-Joëlle Zahar note «de plus en plus de signes que c'est possible», tout en soulignant que «tout peut encore arriver sur le terrain pour faire dérailler le processus». La professeure estime que c'est le manque de volonté du régime et l'absence d'une voix commune au sein de l'opposition qui ont retardé le début des pourparlers. Or, «la voix commune commence à émerger», tout comme la volonté des alliés du régime, la Russie en premier lieu. Ces progrès devraient par ailleurs renforcer l'efficacité de la lutte contre le groupe armé État islamique, estime-t-elle, car «ce qui retient aujourd'hui les uns et les autres, c'est qu'ils ne veulent pas, par inadvertance, faire gagner les adversaires de leurs alliés».

Quels sont les points qui achoppent encore?

Il faut déterminer qui aura sa place à la table des négociations. Si l'exclusion du groupe armé État islamique et du Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, fait l'unanimité, il reste des divergences quant à certains groupes d'opposition, notamment ceux liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et au Hezbollah libanais. Mais c'est le sort du président syrien Bachar al-Assad et de son entourage qui est le plus important point litigieux. Washington a assoupli sa position mardi, lors de discussions bilatérales à Moscou, en disant ne pas chercher un «changement de régime». Le secrétaire d'État américain, John Kerry, ne croit toujours pas qu'Assad puisse diriger la Syrie dans le futur, mais il estime nécessaire de mettre ce sujet de côté pour faire avancer les discussions.

Quels ont été les progrès accomplis jusqu'à maintenant?

Les progrès réalisés sont significatifs, à commencer par «le ralliement de certains groupes que l'on disait extrémistes [...] à l'idée de négociations politiques» ainsi que «les prémices d'une nouvelle coopération entre Américains et Russes dans le dossier syrien», explique Marie-Joëlle Zahar. Moscou entend d'ailleurs proposer à l'issue de la rencontre d'aujourd'hui un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU pour approuver la feuille de route de Vienne. Même le désaccord quant au sort du président Bachar al-Assad devrait pouvoir être surmonté. Les 166 groupes d'opposition réunis la semaine dernière à Riyad, en Arabie saoudite, ont exigé le départ du dictateur dès le début de la transition, «mais la transition, elle commence quand? à la table des négociations? après?», demande la professeure Zahar. «Je pense que c'est dans ce flou artistique là qu'on va jouer.»