L'armée russe a annoncé mardi avoir bombardé 60 cibles des groupes «terroristes» en Syrie ces dernières 24 heures, notamment des positions du Front Al-Nosra, la branche d'Al-Qaïda en Syrie, et du groupe djihadiste État islamique (EI).

Les avions russes, qui ont fait 55 sorties, ont effectué des bombardements dans les provinces de Hama (centre), d'Idleb (nord-ouest), de Lattaquié (ouest), d'Alep (nord-ouest), de Deir Ezzor (est) et dans la région de la capitale, Damas, a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

À Hatlah, dans la province de Deir Ezzor, l'aviation russe a notamment détruit une usine de fabrication d'explosifs. Des avions Su-34 ont également détruit un poste de commandement et un noeud de communication des «terroristes» dans cette province dont la plus grande partie est contrôlée par l'EI.

Au total, 19 postes de commandement et deux entrepôts de munitions, ainsi que 29 positions d'artillerie ont été détruits à la suite des frappes aériennes russes en dernières 24 heures, selon le communiqué.

«Les militants (des groupes «terroristes») sont accablés par les grosses pertes qu'ils subissent, et les cas de désertion sont fréquents», affirme l'armée russe.

«Leurs chefs cherchent à combler ces pertes (...) et, selon les services de renseignement syriens, l'arrivée d'un grand nombre de mercenaires étrangers a été constatée dans la province d'Idleb», poursuit le communiqué.

Par ailleurs, «selon l'état-major des forces armées russes, les terroristes, qui défendent la ville de Sheikh Miskeen dans la province de Daraa, manquent fort de munitions et d'effectifs et se trouvent depuis trois jours sans nourriture», ajoute-t-il.

Depuis le 30 septembre, l'aviation russe dit frapper quotidiennement des dizaines de cibles «terroristes» en Syrie, avec l'accord du régime de Damas, dont la Russie est le principal allié.

Elle affirme viser le groupe djihadiste État islamique (EI) et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.

Les Occidentaux l'accusent pour leur part de viser quasi exclusivement des provinces où les forces gouvernementales mènent des offensives contre l'opposition considérée comme modérée, et où l'EI n'est pas présent.

Des raids russes font 45 morts à Lattaquié, dont des civils

Au moins 45 personnes, dont des civils, ont été tuées dans des raids aériens russes contre des positions rebelles dans la province de Lattaquié, dans l'ouest du pays ravagé par la guerre, selon une ONG.

Elles ont péri lundi dans une série de frappes contre le secteur de Jabal Akrad, fief des insurgés modérés et islamistes dans les hauteurs de la province qui est tenue en majorité par le régime, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«La majorité des morts sont des rebelles, mais des civils figurent aussi parmi les victimes», a ajouté l'OSDH en faisant état de dizaines de blessés.

L'ONG n'était pas en mesure de préciser le nombre de civils tués, parmi lesquels des membres des familles des rebelles.

La Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad, affirme depuis le début de son intervention militaire en Syrie le 30 septembre qu'elle cible le groupe djihadiste État islamique et d'autres organisations «terroristes» hostiles au pouvoir syrien.

Les raids russes ont tué 370 personnes

Les frappes de l'aviation russe en Syrie ont tué 370 personnes, 243 rebelles et 127 civils, depuis le début le 30 septembre de l'intervention de Moscou dans le conflit, a affirmé mardi l'OSDH.

En trois semaines, «370 personnes ont été tuées dans des centaines de frappes russes, dont 243 combattants parmi lesquels 52 du groupe djihadiste État islamique (EI) et 127 civils», a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Parmi les civils, l'OSDH a dénombré 36 enfants et 34 femmes.

Des dizaines de milliers de personnes fuient Alep

Selon l'Observatoire syrien de défense des droits de l'Homme (OSDH), 100 000 personnes fuyaient mardi l'offensive de l'armée dans les provinces de Hama, Alep et Lattaquié, dans l'ouest.

Dans la province d'Alep, «environ 35 000 personnes ont été déplacées des localités de Hader et Zerbé, au sud-ouest de la ville Alep par les offensives gouvernementales des derniers jours», a affirmé à l'AFP la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Selon Vanessa Huguenin, beaucoup d'entre eux ont trouvé refuge chez des familles d'accueil ou dans des habitations sommaires plus à l'ouest dans la province d'Alep.

«Les gens ont urgemment besoin de nourriture, de produits de base et d'abris», a-t-elle ajouté.

L'armée a lancé une offensive au sud de la ville d'Alep le 17 octobre, soutenue par les raids russes et au sol par des combattants iraniens et du Hezbollah libanais notamment. L'objectif est de s'emparer de secteurs situés près de la route stratégique reliant Alep à la capitale Damas, bastion du régime.

Selon le militant Maamoun al-Khatib, plusieurs milliers de personnes ont fui les bombardements russes et «craignent que des miliciens iraniens attaquent leurs villages».

La province d'Alep est quasi-entièrement aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses alliés islamistes, ou des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Le régime y contrôle une route lui permettant d'approvisionner les quartiers de la ville d'Alep sous son emprise.