La Russie a annoncé lundi avoir mené ces dernières 24 heures des frappes aériennes sur neuf cibles de l'organisation armé État islamique (EI) dans le cadre de son intervention militaire en Syrie.

Mais le détail des cibles semble indiquer que l'aviation russe a en majorité frappé des positions appartenant à d'autres groupes que l'EI, notamment le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.

Selon le ministère russe de la Défense, des avions Su-34, Su-24M et Su-25 ont effectué 25 sorties destinées à «désorganiser la chaîne de commandement et à endommager la logistique des terroristes».

Des bombardiers Su-24M ont ainsi détruit un «poste de commandement de l'EI» à Rastane, dans la province de Homs (centre), selon le communiqué du ministère.

Dans la localité de Talbissé, à 25 kilomètres au sud de Homs, les avions russes ont détruit «trois cibles», deux dépôts de munitions et un noeud de communication, tandis qu'un poste de commandement a également été frappé à Beit Mneineh, dans la province de Lattaquié (ouest), affirme le ministère russe.

Des chasseurs Su-25 ont en outre frappé un camp d'entraînement à Jisr al-Choughour, dans la province d'Idleb (nord-ouest), détruisant un dépôt de munitions et des véhicules blindés.

L'aviation russe a également bombardé Jabal al-Qobbé, toujours dans la province d'Idleb, et détruit «trois pièces d'artillerie et un stock de munitions».

Et dans un secteur «boisé», près d'Idleb, les Russes ont frappé une base camouflée où se trouvaient une trentaine de véhicules dont des chars T-55 capturés à l'armée syrienne.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), l'EI n'est pratiquement pas présent dans ces territoires.

Par exemple, Jisr al-Choughour est sous le contrôle de «L'Armée de la Conquête», qui regroupe le Front al-Nosra et des groupes islamistes qui combattent le régime et l'EI. Jisr al-Choughour est une localité-clé sur la principale route menant à la province de Lattaquié, fief de Bachar al-Assad.

L'aviation russe a lancé la semaine dernière une campagne de frappes aériennes en Syrie. La Russie affirme que ses frappes sont dirigées uniquement contre le groupe armé État islamique, mais Ankara et ses alliés occidentaux accusent Moscou de concentrer ses attaques sur les forces syriennes modérées.

«Le but des opérations (...) est de fournir un appui aux troupes syriennes dans leur lutte contre les organisations terroristes et radicales. Les cibles des avions russes sont ces groupes», a répété lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a de son côté qualifié les opérations russes de «transparentes», ajoutant que Moscou avait proposé à Washington un «contact direct» sur le sujet.

Washington déononce une stratégie «perdante» de la Russie

Le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter a estimé lundi à Madrid que les frappes menées par la Russie en Syrie relevaient d'une «stratégie perdante», l'invitant à s'en prendre en priorité au groupe armé État islamique (EI).

«La Russie a aggravé la guerre civile en mettant en danger le principe d'une résolution politique du conflit et la préservation de la structure de la gouvernance qu'elle dit défendre», a déclaré le chef du Pentagone lors d'une conférence à Madrid, où il a entamé lundi une tournée européenne.

«Je garde l'espoir que Vladimir Poutine comprenne que rapprocher la Russie d'un navire qui coule est une stratégie perdante et qu'il décidera de s'affronter à la menace posée par le groupe État islamique (EI), plutôt de que continuer ses frappes aériennes unilatérales contre l'opposition à (Bachar) al-Assad», a-t-il ajouté lors de cette conférence organisée par le Centre d'études stratégiques et de défense.

Pour le sixième jour consécutif, les avions russes ont mené lundi des frappes dans le pays ravagé par quatre ans et demi de conflit, détruisant des positions du groupe djihadiste État islamique (EI), selon Moscou.

Les pays occidentaux dénoncent ces frappes, assurant, comme M. Carter, qu'elles visent principalement des groupes rebelles hostiles à M. Assad, et non exclusivement l'EI.

Les États-Unis, qui refusent pour l'instant tout engagement terrestre en Syrie, dirigent une coalition d'une soixantaine de pays qui tente de contrer les progrès de l'EI en menant des attaques ciblées à l'aide de drones et de frappes aériennes.

Le secrétaire américain à la Défense a par ailleurs une nouvelle fois exigé que la Russie cesse «son agression dans l'est de l'Ukraine et son occupation et sa tentative d'annexion de la Crimée», si elle veut mettre fin à «l'isolement international dans lequel elle se trouve.

Le conflit entre rebelles prorusses et armée ukrainienne a fait plus de 8000 morts depuis avril 2014.

La tournée de M. Carter doit ensuite l'emmener en Italie, et en Grande-Bretagne, avant une réunion ministérielle de l'OTAN, jeudi à Bruxelles.