La Russie a condamné lundi le bombardement la veille de son ambassade à Damas, appelant à des «actes» contre le terrorisme et déployant, selon Washington, 28 avions de combat en Syrie.

Selon des responsables américains, il s'agit de bombardiers SU-24 et d'avions d'attaque au sol SU-25, déployés dans la province de Lattaquié (ouest de la Syrie), un fief du président syrien Bachar al-Assad.

«Ils ont mis la capacité de faire des bombardements. Où, quand, et en appui de qui nous ne savons pas» a résumé, sous couvert d'anonymat, l'un des responsables interrogés par l'AFP.

Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé à des «actions concrètes» après la chute dimanche sur le territoire de la représentation diplomatique russe dans la capitale syrienne d'une roquette, qui n'a toutefois pas causé de dégâts.

«La roquette a été tirée du quartier de Jobar, où sont retranchés les groupes hostiles au gouvernement syrien», a accusé Moscou.

Estimant que ce bombardement avait constitué un «acte terroriste», la diplomatie russe a assuré attendre «une condamnation claire de la part de toute la communauté internationale, y compris des acteurs régionaux» et réclamé «des actes, pas seulement des paroles».

Ce n'est en effet pas la première fois que l'ambassade de Russie à Damas est touchée par des tirs. En mai, un homme avait ainsi été tué à proximité dans de pareilles circonstances.

Quelques heures avant ce communiqué, le président russe Vladimir Poutine avait tenu à rassurer Benyamin Nétanyahou, présent à Moscou en compagnie de son chef d'état-major, le général Gadi Eisenkot, et du chef des renseignements militaires, le général Herzl Halevy.

«La politique russe au Proche-Orient sera toujours responsable», a assuré Vladimir Poutine, affirmant que son allié syrien n'avait pas l'intention d'attaquer Israël.

«Nous comprenons que l'armée syrienne, et la Syrie en général, sont dans un tel état qu'elles ne peuvent ouvrir un deuxième front. La Syrie essaie seulement de préserver son indépendance», a ajouté le président russe.

Les inquiétudes d'Israël

Au début de sa rencontre avec le président russe, Benyamin Nétanyahou avait en effet accusé la Syrie et l'Iran de vouloir «ouvrir un deuxième front» contre Israël, se disant déterminé à mettre fin aux livraisons d'armes au Hezbollah par la Syrie et l'Iran.

«Il était très important de venir à Moscou, en vue de clarifier notre politique et de faire en sorte qu'il n'y ait aucun malentendu», a précisé le Premier ministre israélien.

Dans leurs communiqués respectifs, les deux hommes n'ont en revanche pas évoqué les accusations portées contre la Russie, accusée par les Américains de renforcer sa présence militaire en Syrie depuis plusieurs semaines.

Les États-Unis s'alarment depuis des semaines de ce renforcement visant à accroitre l'aide au régime du président Bachar al-Assad.

Moscou a démenti avoir pris des mesures supplémentaires en vue d'un tel renforcement de sa présence en Syrie, où le conflit entre le pouvoir et les forces rebelles a fait plus de 250 000 morts en quatre ans et demi, mais le Kremlin défend son soutien à Damas, dont il est le principal allié, et appelle à une coalition plus large contre le groupe djihadiste État islamique (EI), qui inclurait la Syrie et l'Irak.

La semaine dernière, Moscou et Washington ont pour la première fois eu un dialogue au plan militaire sur la situation en Syrie, une conversation téléphonique jugée «constructive» ayant eu lieu entre les ministres russe et américain de la Défense, Sergueï Choïgou et Ashton Carter.

Même si Israël tente de rester à l'écart du conflit en Syrie, celui-ci a suscité ces derniers mois de vives tensions et de graves incidents sur la ligne de démarcation entre l'État hébreu et son voisin syrien.

Selon la presse israélienne, des responsables militaires redoutent que la présence aérienne russe, si elle est avérée, ne limite la marge de manoeuvre de l'aviation israélienne.

Pour le quotidien de gauche Haaretz, la visite de M. Nétanyahou à Moscou «semble refléter son manque de foi dans la capacité et la volonté des États-Unis de protéger les intérêts sécuritaires» d'Israël, dont le premier ministre doit rencontrer le 9 novembre le président américain Barack Obama.

PHOTO AFP

Benyamin Nétanyahou et Vladimir Poutine lundi à Moscou.