Sur une colline venteuse surplombant la frontière libano-syrienne, un combattant du Hezbollah explique que la bataille contre les insurgés dans cette région montagneuse du Qalamoun est l'une des plus dures jamais livrées par la puissante formation chiite.

Allié clé du gouvernement syrien, le puissant groupe armé libanais participe à la guerre contre les rebelles depuis son déclenchement en 2011.

Mais dans le Qalamoun, il rencontre son défi le plus sérieux face aux forces anti-régime.

Cette région, d'environ 1000 km2 de part et d'autre de la frontière poreuse, offre un paysage imposant de petites collines criblées de grottes et de plaines broussailleuses et fleuries.

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé le 16 mai que «300 km de territoire», soit près du tiers de la zone, avaient été repris aux insurgés, mais que la bataille n'était pour autant pas encore terminée.

«Il s'agit d'une des batailles les plus dures que nous ayons jamais livrées», souligne un membre du Hezbollah, formation ayant combattu Israël à plusieurs reprises. «C'est même plus dur qu'une guerre urbaine».

Vêtu comme les autres d'un treillis couleur désert, un autre combattant renchérit: «Il s'agit actuellement du champ de bataille le plus difficile du Moyen-Orient».

«Protéger le Liban»

Le Hezbollah a longtemps défendu son intervention aux côtés du régime syrien comme étant nécessaire à la protection du Liban, contre les djihadistes sunnites du armé État islamique et du Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda.

En août dernier, ces djihadistes s'étaient brièvement emparés de la ville d'Aarsal proche de la frontière, prenant en otage des dizaines de policiers et soldats libanais. Depuis, quatre ont été exécutés et 25 autres sont toujours aux mains des djihadistes.

«Notre objectif au Qalamoun est de protéger le Liban, et nous avons vu la preuve de la menace à Aarsal et dans d'autres attaques frontalières», explique un commandant du Hezbollah lors de cette visite organisée pour la presse.

Dernièrement, le Hezbollah a accordé aux médias un accès sans précédent, mais soigneusement orchestré à ses combattants et positions dans la région du Qalamoun.

Les visites commencent par le breffage d'un commandant militaire, qui à l'aide d'un pointeur laser vert illustre sur une carte numérique projetée sur un écran la nécessité de prendre le contrôle des hauteurs pour pouvoir dominer la zone.

Un groupe de combattants se charge ensuite de conduire les convois des journalistes à bord de VUS à travers un terrain rocheux sans aucun signe de vie hormis quelques oiseaux et un ou deux lézards.

La visite des journalistes est notamment ponctuée d'arrêts sur les sites de bunkers capturés aux insurgés, où le Hezbollah montre les restes d'engins explosifs artisanaux, et de contacts prudents avec les combattants, dont beaucoup préfèrent observer les visiteurs à distance, certains fumant une cigarette tranquillement.

Il s'agit d'une nouvelle approche du Hezbollah, qui jusque-là confinait la couverture de son implication en Syrie à ses seuls organes de presse.

«Il s'agit d'une guerre psychologique qui nous l'espérons fera peur à l'ennemi. C'est aussi un moyen de relayer le message que nous sommes le bon côté», explique un membre de la formation.

Les détracteurs du Hezbollah au Liban comme l'opposition syrienne accusent le parti chiite d'aider le pouvoir en Syrie à survivre face à la rébellion.

Le Hezbollah, classé comme «terroriste» par Washington, lutte contre ces mêmes groupes  djihadistes visés par les raids aériens de la coalition menée par les États-Unis en Irak et en Syrie.

Preuves de batailles

Au Qalamoun, l'absence des armées libanaise et syrienne est frappante.

«Nous combattons du côté libanais et l'armée syrienne le fait du côté syrien», se contente de dire Hajj Nader, un combattant du parti.

Des traces de batailles jonchaient le sol: douilles, étuis de munitions d'artillerie lourde et de roquettes, caisses de munitions ouvertes.

Depuis leurs positions, des combattants du Hezbollah ouvrent le feu alors que retentissent des explosions qui, selon eux, sont provoquées par des déminages. Les combattants sont armés notamment de pistolets, Kalachnikov et au moins un M4 monté d'un lance-grenade.

Sur leurs uniformes, certains combattants portent des images de figures religieuses chiites et du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

«On n'est pas obligé de le faire, chacun porte ce qu'il veut. Vous voyez, nous ne sommes pas une armée, juste des gars ordinaires», explique un combattant.