Au moins 52 civils ont péri dans le nord de la Syrie dans des raids aériens de la coalition internationale qui lutte contre le groupe djihadiste État islamique (EI), a affirmé samedi une ONG.

Ailleurs dans le pays, au moins 40 civils dont des enfants ont souffert de troubles respiratoires à la suite d'«attaques au gaz de chlore» menées par le régime contre deux localités rebelles du nord-ouest, selon l'ONG et des militants.

«Des raids de la coalition menés vendredi sur le village de Birmahlé, dans la province d'Alep, ont fait 52 morts dont sept enfants», a dit le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Treize personnes sont portées disparues.

Selon lui, des miliciens kurdes et des rebelles combattent les djihadistes de l'EI à environ deux kilomètres du village visé. Mais «il n'y a que des civils dans le village. Il n'y a ni positions de l'EI, ni des combats». D'autres raids non loin de là ont tué sept jihadistes, a-t-il ajouté.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du commandant des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom), le colonel Patrick Ryder, a affirmé que les États-Unis «n'avaient aucune information» sur la mort de civils dans les raids mais qu'ils allaient «enquêter».

«Avant chaque mission, toutes les précautions sont prises pour faire de sorte qu'aucun civil ne soit atteint», a-t-il ajouté.

Civils tués à Alep 

Une coalition internationale initiée par Washington mène depuis fin septembre des raids contre les positions de l'EI qui occupe de vastes régions du nord syrien.

Le Canada, dont le premier ministre Stephen Harper se trouve en Irak, participe aussi aux raids en Syrie comme en Irak, où le groupe djihadiste s'est emparé également de larges pans du territoire.

Au total, l'OSDH estime que la coalition a tué plus de 2000 personnes, dont quelque 1900 jihadistes, dans les raids en Syrie.

Commencé en mars 2011 par des manifestations anti-régime pacifiques réprimées dans le sang, le conflit syrien a dégénéré en une complexe guerre civile. Plus de 220.000 personnes sont mortes et près de 10 millions ont fui leur foyer.

Dans la ville même d'Alep, au moins 15 civils, dont neuf enfants et trois femmes, sont morts dans une attaque à la roquette contre des secteurs contrôlés par le régime, selon l'OSDH qui s'attend à une hausse du bilan, «des dizaines de blessés se trouvant dans un état critique».

«Il s'agit d'un acte de vengeance de la part d'un groupe rebelle pour la mort de son chef Badr Khaled Siraj, connu sous le pseudonyme de Khaled Hayyani, abattu vendredi par les tireurs embusqués du régime», selon M. Abdel Rahmane.

Nouvelle attaque au chlore 

Dans le nord-ouest de la Syrie, au moins 40 civils, dont des enfants, ont été asphyxiés «après que l'armée de l'air syrienne a largué samedi avant l'aube des barils d'explosifs remplis de chlore sur Saraqeb et Naïrab», dans la province d'Idleb contrôlée majoritairement par les rebelles, a indiqué l'OSDH.

Des vidéos de militants qui ne peuvent être authentifiées dans l'immédiat ont montré des volontaires lavant des enfants en état de choc, dont des bébés, certains toussant, d'autres portant des masques à gaz.

Sur l'une d'elles, on voit un membre de la défense civile aspergeant d'eau un enfant dans une rue en pleine nuit. Dans un hôpital de fortune, d'autres sont enveloppés de couverture et des volontaires procèdent à un examen de leur pupille ou les aident à cracher.

Human Rights Watch a accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir largué entre le 16 et le 31 mars des barils remplis de gaz de chlore sur des civils dans des secteurs rebelles d'Idleb, ce qu'a démenti Damas. L'une des attaques avait causé la mort de six membres d'une même famille, dont trois enfants, selon HRW.

Par ailleurs, au moins 16 civils ont été tués dans des raids aériens de l'armée sur un quartier de Deir Ezzor (est) et un village proche contrôlés par l'EI, selon l'OSDH.

PHOTO ARCHIVES REUTERS

En mars dernier, le régime de Bachar al-Assad a été accusé par l'ONG Human Rights Watch d'avoir largué des barils remplis de gaz de chlore sur des civils dans des secteurs rebelles.